À Rome, l’incertitude règne au Comando Supremo plongé dans la chaleur étouffante de ce début juillet 1943. La poche de Tunisie a été liquidée en mai. Et il est certain que les Alliés se préparent à débarquer en Europe du Sud. Mais où? Dans le Dodécanèse? En Sardaigne? Rien n’est sûr, mais la Sicile semble une proie de choix. Or, un long rapport d’inspection du bureau « opérations » de l’état-major est sans appel: « l’île italianissime » ainsi que la présente crânement le Duce en public, est indéfendable en l’état. On tire de son bureau le général Guzzoni, un vétéran énergique, pour lui confier une 6e armée impressionnante sur le papier avec plus de 200 000 hommes et des centaines d’avions qu’on renforce comme on peut. Mais les chiffres cachent mal le dénuement matériel et l’état d’impréparation de l’ensemble: les fortifications côtières sont inachevées, l’armement et les munitions font défaut, les matériels volants ou roulants sont obsolètes, le ravitaillement manque, le commandement est défaillant et le moral au plus bas.
Le Comando Supremo, répondant directement à Mussolini, est placé depuis l’hiver 1942-1943 sous la direction du général Ambrosio, suite au limogeage du maréchal Cavallero. Celui-ci se suicidera en septembre 1943, après l’armistice entre l’Italie et les Alliés.
La crainte d’un débarquement en Sardaigne et dans les Balkans est alimenté en particulier par une vaste opération de déception alliée, Mincemeat, impliquant de faux plans laissés sur le cadavre d’un faux officier britannique échoué sur les côtes espagnoles.
Le général Alfredo Guzzoni (1877-1965) a commandé contre la France la 4 armée dans les Alpes.