Le 1er février, quand démarre la grande offensive sous-marine qui doit apporter la victoire au Reich, le Führer der U-Boote (chef des sous-marins), le désormais Fregattenkapitän Hermann Bauer, compte 105 U-Boote opérationnels sur un total de 153. Une force en principe respectable, si l’Admiralstab ne l’avait éparpillée entre Belgique (23), Méditerranée (23), Baltique (10) et mer Noire (3). Des 46 submersibles restant pour l’Atlantique et la mer du Nord, seuls 14 sont au combat une fois prises en compte les unités restées au port pour le repos des équipages et la maintenance, chiffre qui ne variera guère pendant ce mois de février. Pourtant, cette maigre flottille fait un massacre. Le total du mois s’élève à 540000 TJB coulés, tous théâtres confondus. En mars, on frise les 600000, puis les 900000 en avril. À Berlin, l’amiral Holtzendorff jubile: ses prévisions les plus optimistes sont dépassées, pour seulement 12 U-Boote perdus sur la période.
Attaques sans sommation
De cette hécatombe, l’abandon des restrictions n’est que partiellement responsable. Si certains capitaines allemands se distinguent par leur férocité et vont jusqu’à tirer sur les rescapés, beaucoup restent, en dépit des ordres, réticents à tirer sur des civils désarmés. Le nombre de bateaux détruits sans sommation n’en fait pas moins un bond en avant: 51 % en février (mais seulement 9 % pour les neutres), contre 7 % en moyenne au dernier trimestre 1916 et 16 % en janvier. La proportion va augmenter lentement tout au long du printemps mais ne dépasse les 80 % qu’en août, quand escortes de convois et Q-ships (voir p. 26) forcent à attaquer en plongée. En outre, le faible nombre de torpilles emportées encourage les attaques au canon, en surface.