Face aux tensions à l’Assemblée, la Première ministre sait passer en force mais veut toujours croire au dialogue. Rencontre à Matignon
« Ceux qui refusent de changer l’âge de départ à la retraite préparent une baisse des pensions »
On la reconnaît dans les couloirs à son pas rapide et à sa voix qui module dans les graves. Un ton maîtrisé, voire cadenassé, qui a sans doute alimenté la caricature de techno que l’on a faite d’elle. Élisabeth Borne, comme tous ceux que le drame a frappés tôt dans la vie – son père s’est suicidé lorsqu’elle avait 11 ans –, se caractérise par ce contrôle permanent, cette absence apparente d’émotions. Pourtant, lorsqu’elle se met en colère à la tribune de l’Assemblée nationale ou dans le feu d’un débat télévisé lors d’une soirée électorale, c’est un autre tempérament qui apparaît. À Matignon, où elle refuse d’habiter pour garder un peu d’intimité, la Première ministre se révèle spontanée, directe. Son visage s’anime, elle sourit, mais elle a le verbe qui claque. Elle sait que des temps mauvais arrivent. Et qu’elle joue gros, car sa survie politique ne tient qu’à un fil. Elle se confie à Paris Match.
Paris Match. Vivez-vous comme une épreuve du feu chaque réforme présentée à l’Assemblée nationale ?
Non, ce n’est pas comme cela que je le vis. Certains textes ont été votés, celui sur le pouvoir d’achat par exemple. D’autres donnent lieu à des discussions constructives, comme l’assurance chômage et la validation des acquis de l’expérience, la loi de programmation