Allumer le feu! Rien à voir avec un gargouillis hallydayesque, cette pyromane incantation est l’un des plus flamboyants symboles de ce qu’on a surnommé le Summer of Love: “Peace, love and rock’n’roll”. Sexe aussi, puisque, à défaut de drogues (quoique…), il en est largement question ici. Mais “Light My Fire”, la chanson des Doors, n’est pas que le tube qui illumina l’été 1967, c’est aussi l’un des plus sophistiqués morceaux de l’ère pré-psychédélique, mélange hybride et baroque de rock, de musique latine et de jazz.
Pan et Dionysos réunis, Jim Morrison, icône de cuir désormais déifiée, n’était pourtant alors qu’une sorte d’animateur sexy d’un orchestre local. La genèse est archiconnue: rencontre des futurs acolytes à l’université de Los Angeles, section cinéma, réunion sous l’égide du bouquin d’Aldous Huxley intitulé , prestations régulières au Whisky a Go Go, assemblage curieux d’un guitariste de flamenco, d’un pianiste adepte de méditation transcendantale, d’un batteur ternaire et d’un apprenti poète fan de William Blake. Puis enregistrement sur Elektra d’un album éponyme, dont le premier extrait, “Break on Through”, n’obtint qu’un succès mitigé. Cachée au milieu de l’album, une chanson dont