Guerres & Histoires

LES TROUPES D’ÉLITE, DES UNITÉS ANCIENNES ET COMPLEXES

Le régiment Préobrajensky tient son nom du village de Préobrajenskoïe, près de Moscou, où Pierre le Grand le fonde en 1683 à partir d’une troupe de jeunes nobles de sa suite. Le régiment Sémionovsky (d’après le village de Sémionovskoïe) est créé en 1687 pour intégrer le surplus du précédent. Les deux vont absorber les rejetons de la grande noblesse et participer à tous les combats de la Russie tsariste. Ils ont été ressuscités en 2013 par Vladimir Poutine, qui les a intégrés dans la garde du régime.

Dans le langage courant, évoquer une unité d’élite génère instantanément l’idée d’un corps de soldats hors pair et triés sur le volet, de qualité militaire nettement supérieure à l’armée à laquelle il appartient, et, surtout, à celle des adversaires assez malchanceux pour croiser son chemin. Mais en réalité, toutes les unités qualifiées « d’élite » ne répondent pas à cette définition: le mot recouvre en fait une grande diversité.

Étymologiquement, « élite » renvoie d’abord à la notion de choix: la racine du mot est la même que celle du verbe « élire » (voir encadré p. 9). L’acception courante du terme conserve cette signification, mais oriente ce choix dans la seule direction de l’efficacité militaire. Or tel n’est pas forcément le cas. Tout dépend en fait de qui décide qu’une unité est d’élite, ou pas. Le gouvernement? Le commandement? La mission confiée? Ou tout simplement le verdict des combats? Tous ces critères entrent, en réalité, en ligne de compte, mais ils ne sont pas pondérés de la même manière selon l’époque et le pays concerné – et selon que l’on regarde cette unité avec les yeux d’un contemporain ou d’un historien.

Unités d’élite ou unités élitistes?

Une unité peut ainsi se voir réputer d’élite non en raison de sa performance au combat, mais plutôt de son recrutement… élitiste. La valeur conférée à l’unité est alors une valeur de transfert: c’est le haut rang dans la société des recrues qui lui confère le statut d’« élite », sans nécessairement y associer des vertus guerrières spécifiques. La motivation derrière la création de telles unités n’est en effet pas toujours un surcroît d’efficacité militaire. Il peut plutôt s’agir

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