La Garde républicaine irakienne a existé durant quarante ans, de 1963 à 2003. Ses dates de création et de dissolution, ce n’est pas un hasard, coïncident exactement avec celles de l’instauration et de la chute du régime dominé par le parti Baas (voir encadré p. 34). Son histoire se confond plus étroitement encore avec l’arrivée au pouvoir en 1979 de l’hommeclé du régime de Bagdad depuis la fin des années soixante: Saddam Hussein.
Car la Garde républicaine n’est pas, et n’a jamais été, l’élite de l’armée irakienne! Il s’agit en réalité d’une seconde armée, parallèle à l’armée régulière, et destinée en premier lieu à préserver le régime baassiste… d’un coup d’État militaire. Ce n’est que progressivement qu’elle va évoluer – sans jamais cesser de remplir sa mission première de protection du régime et de son président – pour prendre la forme que lui connaîtront les Occidentaux à partir de la guerre du Golfe en 1991: celle d’une force mécanisée, qui s’auto-définit comme une élite. Ce qui n’est pas totalement usurpé, si l’on considère que sa qualité est supérieure au reste des forces armées irakiennes et qu’elle est vouée à en former le fer de lance et l’ultime réserve stratégique. Un rôle qui, loin de représenter une rupture, découle directement de la place de la Garde républicaine dans l’architecture du pouvoir de Saddam Hussein.
Garde tribale pour pouvoir fragile
Saddam n’a pas créé la Garde républicaine. Celle-ci émerge des soubresauts qui marquent la vie politique de la République irakienne, née elle-même en 1958 du coup d’État organisé par une coterie « d’officiers libres » nationalistes. Le nouveau régime reste cependant fragile, traversé par les tensions entre panarabes convaincus rassemblés autour du parti Baas, et nationalistes plus modérés. Ces tensions recoupent en partie la fracture entre sunnites et chiites: le Baas incarne en effet un pan-nationalisme laïc, mais d’origine sunnite.
En février1963, le premier président irakien Abd al-Karim Qasim, un modéré, est ainsi renversé et exécuté par les baassistes, qui installent à sa place son ancien adjoint, l’ex-colonel Abdul Salam Arif. En réalité c’est un triumvirat qui est au pouvoir, les deux autres hommes forts étant le Premier ministre Ahmed Hassan al-Bakr, un autre exofficier, et le puissant secrétaire du parti Baas, Ali Salih al-Sa’di. L’équilibre du pouvoir
