Rock and Folk

The Black Keys

“DROPOUT BOOGIE”

EASY EYE SOUND/NONESUCH/WARNER

Considérant leur début, un enregistrement fruste sur huit pistes dans la cave de Patrick Carney (qui restera principal responsable des réalisations), leur ascension tient du conte de fées! Vingt ans après “The Big Come Up”, riches de multiples expériences—collaborations (musiques de films, de publicités), productions (Tony Joe White, explose de puissance joyeuse, de vivacitétel un numéro un évident, immédiat, promu par un clip luxueux, amusant comme du Blues Brothers. Même si leur art repose sur le minimalisme qui sied à un duo, avec un son élémentaire à la fois brut et actuel, souvent distordu, y compris le chant, les Black Keys savent que rien ne remplace un morceau bien tourné, qui marquera les mémoires, d’oùla présence d’Angelo Petraglia (collaborateur des Kings Of Leon) et de Greg Cartwright (Reigning Sound) pour suggérer des airs, proposer des idées de textes ou, au contraire, aider à terminer, à peaufiner. Ainsi le répertoire oscille-t-il intelligemment entre les indispensables boogies (“For The Love Of Money” basésur une guitare rythmique à la John Lee Hooker, “Burn The Damn Thing Down” oùl’harmonica ne peut lutter avec la guitare surchauffée) et des pièces plus mélodiques comme “How Long”, au calme relatif, “Baby I’m Coming Home”, secouéde surprenants changements de rythme, ou, deuxième extrait, “It Ain’t Over” dont le clip, en comparaison du précédent, surprend par l’insolence de sa sobriété. Avec “Your Team Is Looking Good” au martèlement stomp, les Black Keys inventent le glam-blues tandis que leur manière de concevoir “Happiness” laisse comment pourrait sonner John Lennon en 2022…Que ce soit par des reprises ou par leurs créations dans l’esprit (ici “Didn’t I Love You”), Dan Auerbach et Patrick Carney, même s’ils s’écartent parfois de l’orthodoxie, dont ils ne sont heureusement pas captifs, n’ont jamais cesséde clamer leur amour des racines, en particulier des blues, attitude permanente qui culmine dans le récent “Delta Kream” consacréàl’interprétation de pièces signées Burnside, Kimbrough, McDowell, etc. Ils le font à nouveau en invitant un glorieux prédécesseur, Billy Gibbons de ZZ Top, pour “Good Love” où, sur des nappes d’orgue faisant office de fondations, un festival de guitares déchaînées rappelle l’âge d’or de Cream et Jimi Hendrix Experience. Par cet album à la fois gracieux et farouche, les Black Keys livrent leur oeuvre la plus aboutie.

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