Quand la chance tourne
Tudith n’aurait pas dû être surprise par le comportement de Victor.
Après tout, ils vivaient ensemble depuis vingt-cinq ans. Ils venaient de fêter leurs noces d argent, entourés de leur maigre famille.
Caroline, leur fille unique, avait assisté à l’événement en compagnie de Julien, son récent petit ami. – Un bon à rien ! avait lâché Victor d’un ton sans réplique quand la porte d’entrée avait claqué sur le rapide revoir de sa fille.
– Tu exagères ! Tu ne lui as même pas adressé la parole ! répliqua Judith.
Comme d’habitude, la discussion s’était terminée d’elle-même sur un haussement d’épaules fatigué de Judith.
Elle était toujours la première à lâcher prise pour éviter les conflits. Elle faisait mine de s’avouer vaincue et retournait à ses occupations ménagères. Elle ne voulait surtout pas provoquer la colère de Victor. En plus de son caractère colérique, le retraité de 65 ans jouissait de cordes vocales à faire pâlir un baryton.
Lorsqu’il s’emportait contre Judith ou Caroline, il perdait tout contrôle et ses envolées verbales pouvaient s’accompagner de coups. L’homme était violent et pestait pour un rien. Au fil des années, la mère et la fille s’étaient unies pour éviter la plupart des coups de gueule et de poing de Victor.
Jusqu’au jour où il avait dépassé les bornes.
De retour d’une soirée bien arrosée, il avait prononcé le mot de trop : – Caroline, apporte-moi ta boîte rouge !
Mère et fille avaient échangé un regard inquiet.
– Mais pourquoi ? avait demandé Caroline.
– Donne-moi cette boîte ! avait hurlé Victor.
La boîte contenait les économies gagnées laborieusement par Caroline depuis plusieurs mois. L’étudiante utilisait tout son temps libre à faire du baby-sitting et à donner des cours de maths aux enfants du voisinage. La jeune femme se destinait à l’enseignement
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