Rock and Folk

NICK KENT

“La première ligne de l’article devait sonner comme le riff de ‘Jumpin’ Jack Flash’ ”

POUR UN JOURNALISTE DE ROCK, RENCONTRER NICK KENT, C’EST LA MÊME CHOSE QUE D’OBTENIR UNE AUDIENCE AVEC LE PAPE POUR UN CURÉ DE CAMPAGNE. Il fait partie des plus grands. Il est sans doute le plus grand avec Lester Bangs, qu’il a bien connu. Après un recueil d’articles grandioses, “The Dark Stuff”, et des mémoires fascinants (“Apathy For The Devil”, sans triche, écrit en toute honnêteté), Kent publie son premier roman, très réussi. Les journalistes de rock se sont toujours vautrés dans cet exercice, qu’il s’agisse de Nick Tosches ou de Peter Guralnick. Kent, lui, déploie ses ailes, montre un humour et une tendresse qu’on ne lui connaissait pas. Il est parti en tournée avec Led Zeppelin, Keith Richards a fait une overdose dans ses bras, il a interviewé Roky Erickson, a vadrouillé avec Iggy à Londres et Los Angeles. Il pourrait avoir un melon de la taille d’une citrouille, être plein d’aigreur et de regrets. Ce n’est pas le cas. Il est là, simple, intelligent, articulé, modeste. “Some kind of a man”, comme disait l’autre.

Pompier, prétentieux, ridicule

ROCK&FOLK: Comment est venue cette idée de roman, votre premier?

Il y a très longtemps, lorsque j’avais écrit mes articles sur Syd Barrett, j’avais été harcelé par des fanatiques du chanteur, encore plus dérangés que lui. Puis on m’a raconté qu’à la fin de sa vie, Vince Taylor, complètement fou, s’était invité chez le directeur de son fan-club en Suisse. Et je me suis dit: Dans mon roman, il s’agit d’un auteur anglais de romans policiers à succès qui vient de se faire quitter par sa femme, qui boit trop, qui se retrouve incapable d’écrire, et qui tombe dans Mojo sur un article concernant un groupe sixties qu’il adorait, les Unstable Boys (). Puis son héros, le chanteur, toque à sa porte. J’avais cette idée. J’ai dit à mon éditeur que je pouvais écrire ce livre, ou mes mémoires. La seconde option a été jugée plus commercialement viable. J’ai donc sorti “Apathy For The Devil”, puis je suis retourné à ce synopsis en le complexifiant et en y ajoutant des personnages, alors qu’initialement, j’étais influencé par “The Servant”, écrit par Pinder et adapté au cinéma par Losey. Deux personnages: un maître, qui finit dominé par son domestique. Cela aurait pu déboucher sur une nouvelle, mais c’était insuffisant pour un roman.

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