Jack White
Fear of the Dawn
THIRD MAN RECORDS/THE ORCHARD
L’esprit des White Stripes est de retour! La batterie primale et les riffs agressifs du bien nommé “Taking me Back” nous le balancent sans tour de chauffe. Si ce n’étaient les incursions synthétiques, on pourrait se croire revenu au début des années 2000. Mais si Jack White sait que c’est dans les vieux pots qu’on (ré)chauffe les meilleures soupes, il réussit à conférer une épatante contemporanéité à sa musique.
Écrit chez lui, à Nashville, enregistré, masterisé et pressé sur vinyle aux Third Man Studios, Fear of the Dawn transpire ses racines sudistes et obéit à une urgence de s’exprimer face au monde qui s’écroule, qui se confine, qui part en guerre, qui dénonce et qui s’exile.
JACK WHITE
Hormis “Morning, Noon and Night”, qui dure 4 mn 45 s, le format est court, ultra-ramassé, qui fait de Fear of the Dawn le disque solo le plus intense de White à ce jour. Sur une trame de Cab Calloway, “Hi-De-Ho” passe des litanies hispaniques metal à un hymne de rap old school (East Coast, cela va de soi) avec le toujours excellent Q-Tip d’A Tribe Called Quest. Le terreau est souvent hard rock, dans ce qu’il a de plus saccadé, comme sur “The White Raven” ou “Eosophobia”, digne héritier de Led Zeppelin. Il y a aussi de l’ovni, comme “Into the Twilight”, drôle de démonstration mêlant prog rock et pop décousue, piano ragtime et vocodeur, choeurs soul et riffs heavy. Avec, en bonus, un sample de William S. Burroughs, “Origin and Theory of the Tape Cut-Ups”. Avec “What’s the Trick?”, il ne cesse d’interroger ses motivations comme les nôtres, et réussit, par une structure lancinante. Enfin, “Shedding My Velvet” baisse en pression, concluant non sans poésie un disque qui se passe de métaphores pour frapper droit au but: “Better to illuminate than merely shine/You say this all the time/And you’re right.”
Ici, on s’éloigne des velléités mélodiques des Raconteurs pour viser ce qui accroche, ce qui tape fort. Le rythme est crucial, la rage s’exprime sans plus aucune retenue, devenant presque euphorique, se jouant des dérives hystériques. Une émotion en bouscule une autre. S’il reste un savant fou des manettes, qu’il démontre sa dextérité technique en alliant spontanéité des prises et