Guerre d’Algérie: ce tabou qui ronge tout
’historienne Raphaëlle Branche a appelé ça le « silence familial ». Tous les chercheurs le confirment: à rebours de l’occupation allemande, sur laquelle Le même phénomène a été observé chez les rescapés de la Shoah. Dans (Alisio), l’indispensable enquête de Sophie Nahum, on découvre que l’ensemble des survivants se sont plongés dans un silence pesant, des décennies durant. Un jour, dans les années 1990, la parole revint. Avec une régularité troublante, les témoins évoquent, comme élément déclencheur de cette mémoire retrouvée, le discours prononcé par Jacques Chirac au Vélodrome d’Hiver, le 14 juillet 1995. Ce jour-là, contre l’avis de certains de ses soutiens, le président de la République évoque « la folie criminelle de l’occupant […] secondée par des Français, par l’Etat français », une patrie qui « accomplissait l’irréparable ». Des discours sur la guerre d’Algérie et le colonialisme, les présidents français en ont prononcés, mais jamais d’aussi clairs. Il s’est toujours agi de nommer les choses le moins possible, afin de ne pas réveiller les vieilles passions. Et s’il fallait faire l’inverse, une fois pour toutes?
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