LADY Kristen
A Telluride, dans le Colorado, l’aéroport est petit, presque intime. Le festival de cinéma de la ville, qui se tient chaque année pendant le premier week-end de septembre, est réputé pour son atmosphère détendue. Dans cette station de ski, les montagnes semblent faire rempart au clinquant hollywoodien ; les stars sont dispensées de tapis rouge et de tenue de gala.
Ce jour-là, Kristen Stewart est invitée pour présenter Spencer, le film dans lequel elle joue la princesse Diana, présenté la veille en première mondiale à la Mostra de Venise. Les premières critiques, élogieuses, sont sorties alors qu’elle dormait au-dessus de l’Atlantique. Tout juste descendue de l’avion, après un bref passage à l’hôtel pour se changer et relever ses cheveux décolorés en un chignon improvisé, elle file à la projection en compagnie du réalisateur, le Chilien Pablo Larraín – et arrive avec seulement quelques minutes de retard.
Elle est habillée comme un père de famille américain des années 1950 en week-end, chemisette sur débardeur cropped, jean bleu, creepers rouge et chaussettes blanches. Née à Los Angeles, elle se considère californienne jusqu’à la moelle, arborant même un tatouage « L. A. » au poignet. Peu de gens ont porté le jean et le t-shirt comme elle depuis James Dean ; comme si, en elle, se concentrait toute la féminité de la contre-culture américaine, les rockabillies et les punkettes, les poétesses de la Beat Generation et les skateuses. Le rôle de Joan Jett dans le biopic The Runaways (2010) lui allait à merveille, tout comme celui de Marylou, la femme ado de Dean Moriarty dans l’adaptation de Sur la route (2012) de Jack Kerouac. Elle incarne à présent un autre genre de rebelle, la princesse la plus célèbre du XX e siècle.
Huis clos avec la reine
L’action de se déroule pendant les fêtes de Noël 1991, alors que la famille royale est réunie au domaine de w, dans le comté britannique du Norfolk. Le mariage entre Diana et le prince Charles est au bord de l’implosion. Entourée de tremblotantes et de puddings colorés, coupée du monde et oppressée par les traditions des Windsor, la princesse finira hantée par le fantôme d’Anne Boleyn, la deuxième épouse de Henry VIII, trompée puis décapitée. La bande originale fait monter la tension de manière presque insoutenable. Dans l’une des premières scènes, Diana est – le film ressemble d’ailleurs moins à qu’à de Roman Polanski. Des thrillers psychologiques dans lesquels l’effondrement moral de l’héroïne s’avère la seule réponse rationnelle à une menace, et où la folie s’apparente à un mécanisme de résistance.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits