1. Une séance particulière
Adèle Exarchopoulos est soudain saisie d’un doute: « Rassurez-moi, personne ne sourit? »
Éclat de rire général.
Il faut reconnaître que le champ de vision de l’actrice est limité sur le shooting du jour. Elle est allongée dans un lit, tête posée sur le torse de François Civil, regard fixé vers le haut, en direction de l’objectif de la photographe Alice Moitié. À leurs pieds, les deux jeunes Malik Frikah et Mallory Wanecque se tiennent la main. Comme si l’on surprenait le quatuor en pleine sieste, dans une chambre d’hôtel, le plateau du petit-déjeuner posé au sol. Chaos délicatement organisé. Mais entre deux prises, l’ambiance est beaucoup plus festive : François Civil chantonne sur de Rihanna, Adèle Exarchopoulos lui passe la main dans les cheveux pour ajuster quelques mèches. La complicité est évidente entre les deux acteurs, qui se sont donné la réplique dans le film français le plus attendu de l’année : de Gilles Lellouche. Petit rappel : après le carton du le plus gros succès hexagonal de StudioCanal, ce long-métrage a bénéficié d’un budget de 32 millions d’euros, selon Le point de départ de ce projet fou ? Le fameux roman de l’auteur irlandais Neville Thompson offert en cadeau au cinéaste, il y a treize ans, par Benoît Poelvoorde. Au cœur du récit, l’histoire d’amour entre une fille paumée et un petit délinquant, tous deux originaires d’un quartier pauvre de Dublin dans les années 1990. Comment réadapter l’ensemble pour un public français et contemporain ? L’intrigue a été délocalisée dans l’Hexagone et parsemée d’intermèdes musicaux chorégraphiés par le collectif (La)Horde. Ne vous méprenez pas : la violence et le tragique restent prépondérants.