La Guadeloupe sur un volcan
Envoyée spéciale Guadeloupe
À Basse-Terre, la Soufrière ne gronde pas. D’habitude, les habitants scrutent « vié madanm la » (la vieille dame), comme on dit en créole, pour voir si le volcan se réveille ou non. Mais depuis le 15 novembre et le début de la grève générale, c’est sur les routes qu’ils ont les yeux rivés. L’aile gauche de l’île papillon vit au rythme des barrages, improvisés le jour et levés la nuit par les forces de police. Du nord au sud, le temps s’est arrêté, et des petites communes comme Sainte-Rose sont littéralement coupées du monde. Seule la mer offre une voie d’accès. En 2009, la révolte avait plutôt gagné les territoires urbanisés. Aujourd’hui, la colère s’empare des campagnes. Comme un remake ultramarin des Gilets jaunes, la crise, née sanitaire, devient sociale et politique. Et l’horizon paraît aussi bouché que lorsque le panache de la Soufrière noircit le ciel.
Au CHU de Pointe-à-Pitre
Les plaies béantes de l’île
Le piquet de grève ressemble à une kermesse, avec ses barnums et le zouk qui résonne. Infirmière en endocrinologie-diabétologie, Jade fait partie des 300 soignants suspendus pour défaut de vaccination (sur 566 agents sanctionnés). clame cette jeune femme Pour justifier une opposition sur laquelle elle ne reviendra pas, Jade cite le cas de cette collègue ménopausée après avoir été vaccinée. Ou ces cinq enfants décédés. Impossible à vérifier ; en Guadeloupe, comme ailleurs en métropole, la défiance s’appuie sur des on-dit qui circulent à vitesse grand V sur les réseaux sociaux.
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