Le Journal du dimanche

Des crus classés au single malt

L’expression colle à merveille à Glenturret dont on devine à peine les modestes installations camouflées par un écrin de verdure, tout près du Loch Turret. Ici, c’est le Perthshire, aux collines douces, aux paysages bien moins rudes que ceux des Highlands et surtout bien plus proches d’Édimbourg et de Glasgow. La production de la distillerie ne représente qu’une goutte dans l’alambic écossais et une nanogouttelette, potions magiques qui ont mis le feu à l’imagination ardente de Silvio Denz, propriétaire de Lalique et de plusieurs grands crus à Bordeaux. Sa stratégie est claire comme de l’eau de loch et claire comme le cristal : acquérir des pépites dormantes, les relancer en s’appuyant sur des savoir-faire uniques, mettre talents et productions en synergie. Ainsi, fortune faite dans la parfumerie, l’homme d’affaires suisse a racheté la cristallerie Lalique et l’a redressée en dix ans ; a hissé les châteaux Faugères et Péby Faugères au rang de grands crus classés de Saint-Émilion en moins de temps encore ; a fait de la Villa René Lalique un hôtel cinq-étoiles doté d’une table gastronomique et d’une cave remarquables ; a restauré enfin les terroirs historiques de Lafaurie-Peyraguey, premier grand cru classé de Sauternes, lancé un blanc sec et ouvert au sein du château, dont les origines remontent au XIII siècle, un hôtel et une table étoilés dans un étincelant décor de cristal. Succès sur toute la ligne. De quoi impressionner, sans démonstration alambiquée, les propriétaires de la distillerie la plus ancienne d’Écosse encore en activité (1763). Très réputée, The Glenturret n’intéressaient plus la puissante holding de The Macallan du fait de trop petits volumes. Denz ne leur était pas inconnu, Lalique fournissant en exclusivité au prestigieux label des carafes d’exception. Avec son associé, le milliardaire et philanthrope suisse Hansjörg Wyss, ce dernier a donc raflé la mise devant quatre-vingt candidats : la distillerie et sa réserve d’un million de litres de single malts de trois à trente ans d’âge, la diversité et l’âge des stocks étant les nerfs de la guerre. Et ce, non pas avec la meilleure offre, mais avec le meilleur projet, celui d’élargir la gamme et de développer le tourisme. L’expérience de Denz pour réveiller les belles endormies a fait la différence.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Le Journal du dimanche

Le Journal du dimanche5 min de lecture
Christine Kelly Sommes-nous de trop ?
Charles est mon ami. Je suis très touchée par son parcours À 42 ans, il est atteint de la maladie de Charcot. Tout perce à travers son regard. Vif. Lucide. Intelligent. Son sourire se dessine ou s’estompe pour traduire ses pensées. Charles est assis
Le Journal du dimanche1 min de lecture
Mots Fléchés
Solution
Le Journal du dimanche2 min de lecture
Atos Le duel Layani/Kretinsky
On a rarement vu une entreprise, qu’on dit si mal en point, aiguiser autant les appétits… Il faut croire qu’Atos, au-delà des pertes accumulées par le groupe (4,9 milliards d’euros de dette), possède par ailleurs des actifs et savoir-faire intéressan

Associés