Sept

Les fruits de la trahison

En octobre 1987, des analystes de la CIA rédigent un rapport chargé d’évaluer les dégâts occasionnés par la trahison de Pollard. Long de plus de 160 pages, le document a été entièrement déclassifié en 2012. Selon la CIA, les officiers traitants israéliens de Pollard ont principalement demandé des renseignements sur le nucléaire militaire, Seymour Hersh affirme que l’espion aurait remis des documents sur la manière dont les services de renseignement américains surveillent les Israéliens. Il leur aurait communiqué des rapports décrivant la manière dont les satellites américains peuvent prendre des photos sur le côté. «Depuis leurs orbites, les satellites peuvent ainsi mitrailler des sites théoriquement hors de leur portée… comme les sites nucléaires israéliens», explique Seymour Hersh. Pollard aurait également remis des informations sur la manière dont la NSA écoute les communications commerciales, diplomatiques et militaires des Israéliens. Brusquement, les écoutes se seraient taries. Le rapport d’évaluation note que l’analyste a livré plus de 800 documents. Mais, en plus, de sa propre initiative, il a rédigé et remis trois résumés quotidiens de renseignement des plus précieux: en tout 1’500 synthèses concernant le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENAS), le littoral méditerranéen (MELOS), et le littoral de l’océan Indien (IOLIS). Selon Seymour Hersh, les Israéliens ont donné à l’URSS certains des rapports dérobés en échange du maintien de l’émigration des Juifs soviétiques en Israël. Des agents de la CIA affirment même que les documents les plus intéressants ont été échangés contre certains Juifs occupant des postes très sensibles en Union soviétique, comme quelques savants travaillant dans la technologie des missiles ou sur les questions nucléaires. Les Soviétiques étaient particulièrement intéressés par les techniques de la marine américaine pour suivre leurs sous-marins. Il y a encore mieux, ou pire, selon le point de vue adopté… Pollard a livré l’intégralité des communications des services de renseignement de la marine US pendant un an. Une mine d’informations qui va bien plus loin que la simple accumulation de data. «Désormais, les Israéliens peuvent savoir comment nous pensons et quelles sont nos méthodes pour résoudre un problème, explique un ancien officier du renseignement américain cité par Seymour Hersh. Pollard a donné le mode d’emploi pour éviter, contourner ou détourner la collecte de renseignements par les Américains. Il leur a indiqué comment endormir notre méfiance.»

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