QUAND LES PIXIES MONTENT SUR SCÈNE LE 26 AOÛT 1990, EN TETE D’AFFICHE ET CLOTURE DU FESTIVAL DE READING, le plus dur semble avoir été fait: plus de cinquante mille personnes se déchaînant sur “Debaser” ne peuvent pas avoir tort. Mais ce n’est qu’un trompe-l’oeil (alors justement que Black Francis se demande ce qu’il va bien pouvoir mettre sur “Trompe Le Monde”, l’album en préparation). En effet, sans le savoir, le groupe est en fait, ici, en train d’atteindre son climax, alors que tout le monde pense qu’il n’en est justement qu’à sa jeunesse et qu’il va devenir “the next big thing”. Son troisième album, “Bossanova”, vient alors de sortir et recueille les louanges de toute la presse anglaise et européenne. Certes, les Pixies ne sont pas encore énormes en leur pays natal, mais n’est-ce justement pas là un bon objectif à se donner que de vouloir le conquérir, maintenant que leur label 4AD est prêt à lâcher de gros budgets et les pousse à rapidement retourner en studio pour faire fructifier la hype qui entoure le groupe, esseulé dans le champ de ruines qu’est alors le rock’n’roll ? On parle ici d’une époque où, pour quelques mois encore, le “Nevermind” de Nirvana n’a pas rebattu toutes les cartes binaires.
Bienfaits de la haine?
Problème de taille: après cinq ans de cohabitation, les membres du groupe ne se parlent quasiment plus. Et parmi eux, Charles Thompson, alias Black Francis, et Kim Deal, se détestent même cordialement. Pour quelles raisons ? Leur agent de l’époque Marc Geiger a sa théorie: “La vérité, c’est que Kim a commencé à recevoir ‘Hey ! J’ai écrit toutes ces chansons, j’ai fait tous ces albums… Et tout ça pour ça ?’