Goldfrapp
“FELT MOUNTAIN”
Universal/Music On CD (Import Gibert Joseph)
Incroyable: vingt-deux ans après sa sortie, cette cathédrale sonore n’en finit plus de rendre fou. Trenteneuf minutes et trente-huit secondes de sidération ultime. Groupe très à part dans la scène trip-hop, apparu après les autres, Golfrapp n’est pas à prendre à la légère et n’a, en fin de compte, pas grand-chose à voir avec Portishead, Tricky et les autres. D’abord, il y a la voix et la vision d’Alison Goldfrapp, chanteuse excentrique et habitée aux conceptions musicales très personnelles, dotée de l’une des plus belles voix de son époque. Ensuite, il y a la sorcellerie d’un dénomméWill Gregory. Ce génie du studio, des partitions et des synthétiseurs, avait—et a toujours—des idées ahurissantes pour embellir la musique de son groupe et créer un environnement inouïau sens littéral du terme. Ces deux-làavaient une passion pour les auteurs de musiques de film: Ennio Morricone, Nino Rota, John Barry, Bernard Herrmann, ils sont même jusqu’àaller s’inspirer de la musique de la série française “Belle Et “Felt Mountain” est devenu un classique qui, contrairement à de nombreux disques trip-hop, n’a pas vieilli d’un iota. A chaque écoute, la richesse instrumentale, les subtilités de la chanteuse, laissent rêveur. Le plus étonnant est que par la suite, le groupe parviendra à se renouveler intégralement tout en restant aussi bon, et ce jusqu’àaujourd’hui. A vrai dire, on ne connaît aucun autre duo ayant réussi à inventer de toutes pièces un univers aussi original. A l’exception, peut-être, de Suicide…