TÉNOR 2021
Naissance d’une voix
Bien avant les premiers drames chantés, le ténor gouvernait notre art. A l’église bien sûr. Mais aussi en scène. Au milieu du XVIe, le public porte déjà aux nues Scipione Del Palla, « premier chanteur de ce siècle » qui pousse la sérénade dans les comédies et intermèdes napolitains. Ténor. Giovanni Maria Nanino, favori du pape Grégoire XIII vers 1580 ? Ténor.
Au commencement
C’est donc naturellement au ténor que nous devons l’opéra. Quelle voix porterait mieux ce chant retrouvé où les savants florentins croient entendre la déclamation lyrique de Sophocle et Euripide ? Jacopo Peri le fondateur est un ténor. Surnommé Zazzerino à cause de sa crinière blonde, il avait pris part en 1589 aux intermèdes de La Pellegrina, germe fastueux de l’opéra, et incarné Apollon dans sa propre Dafne, opus 1 du genre nouveau. Le voici Orfeo dans son Euridice en l’an 1600. Plus tard, le fils du conte Giovanni Bardi – mécène, théoricien, poète et compositeur à l’origine de la nuova musica – se souviendra de Peri, « inférieur à nul autre », et de son rival Giulio Caccini, « chanteur rare, de bon goût ». Ensemble, rappelle Bardi, « ils acquirent le titre de premiers vocalistes, et d’inventeurs de cette façon de chanter et de composer ». Deux saisons après Peri, Caccini donne à Florence une Euridice de sa façon. L’opéra est né. Auteur et interprète, le ténor l’a fait.
Confirmation en 1607 quand Monteverdi transporte l’innovation toscane en Lombardie, à Mantoue. Cette fois le compositeur ne chante pas., la vocalise folle ne déguise pas les sentiments, elle représente – au sens propre, comme un tableau vocal – le chant surnaturel d’Orphée aux portes de l’enfer. Tout est prêt, tout est là.
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