Hymne à « Notre-Dame des douleurs », le Stabat mater a causé quelques sueurs froides à Gioacchino Rossini. Le chef-d’œuvre est né de la contrainte. En 1831, lors d’un séjour en Espagne, le compositeur fait la connaissance de Don Francisco Fernandez Varela, archidiacre madrilène qui le prie de mettre en musique la séquence latine. Rossini n’en a guère envie : il a rangé son encrier depuis le semi-échec de Guillaume Tell en 1829 et vit depuis dans une préretraite silencieuse. Sans compter que le succès écrasant de Pergolèse dans ces divins versets l’intimide.
Il accepte la commande de mauvaise grâce (il recevra une tabatière en or rehaussée de diamants en guise d’honoraires) et à la condition expresse que l’œuvre ne soit donnée qu’une fois et demeure dans les mains du prélat. Affligé par un lumbago, il n’achève que six numéros et laisse le soin d’en composer sept autres à Giovanni Tadolini, son ancien condisciple auprès du Padre Mattei à Bologne. L’ensemble est créé le vendredi saint 27 avril 1833, en la chapelle de San Filippo el Real de Madrid.
Orgueil et démêlés
L’affaire aurait pu