Folles aventures au siècle romantique
Du castrat au contralto féminin
Rossini révérait le castrat tant pour son agilité superlative que pour l’expressivité de son chant, empreint de ce dolce cantare propre au génie italien. Il va toutefois lui porter le coup de grâce. Victime expiatoire du compositeur: l’infortuné Velluti à la première d’Aureliano in Palmira en 1813. Jugeant insatisfaisante l’interprétation surannée de son Arsace, le compositeur va se tourner dans un premier temps vers une typologie vocale qu’un Théophile Gautier entendait si féminine et pourtant si mâle, « hermaphrodite de la voix »: la contralto en travesti, déjà présente hier à Naples et jusque chez Handel à Londres. Le musicien pésarais avait dans le même temps admis une tendance nouvelle: confier, dans les opéras sérieux, au baryténor (baritenore) ou ténor à voix brune les rôles de père noble ou de rival – ainsi de son Demetrio en 1812.
Baritenore ou contraltino ?
travesti, ténor: le choix du contralto androgyne comme partenaire de la diva aurait pu s’imposer pour le siècle à venir. Mais Rossini lui-même essuya bientôt les foudres de sa future épouse Isabella Colbran, soprane née mezzo et imbue de ses trois octaves, qui au San Carlo de Naples refusa tout net de se voir ainsi flanquée d’une rivale, fût-elle grimée en amoureux ! Qu’elle se rassure, le compositeur d’ et d’, assignant au les emplois les plus divers et modulant son, va le choyer au-delà de ses espérances. A Naples, convoque ainsi en 1817 un total de six ténors ! Abondance de biens nuit parfois: une fâcheuse monochromie rendait confuse la caractérisation de ces protagonistes en des temps qui voyaient l’idéal du bel canto battu en brèche par le romantisme aux aguets.
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits