Rock and Folk

ARTHUR LEE & LOVE

“Ne mangez pas les morts !”

ARTHUR LEE FULMINE : “LE BOSS DE NOTRE LABEL, ELEKTRA, N’ÉTAIT PAS EMBALLÉ PAR LES DOORS. C’est moi qui l’ai incité à les signer. Et que s’est-il passé ? Grâce à l’argent généré par les deux premiers albums de Love, Elektra a mis le paquet sur les Doors”. Nous sommes en 1967, le vieux monde explose. Epicentre de la révolution : le Sunset Strip, quartier d’Hollywood où la jeunesse, tignasses dans le cou et buvard sous la langue, communie lors des concerts de Love. Les rois du Strip, donc du monde, c’est ce groupe, Amour, dirigé par Arthur Lee. Ray Manzarek témoigne dans le livre de John Einarson, “Forever Changes” : “Le groupe le plus hot que j’aie jamais vu, le plus influent de Los Angeles, et les premiers à se lancer dans de longues chansons improvisées — on a voulu faire pareil avec ‘The End’. Pour nous, ce n’était qu’une question de temps avant que Love ne conquière l’Amérique entière”.

Ce 4 janvier 1967, après une nuit blanche, Arthur, en compagnie de deux beautés, roule dans sa Porsche en direction de sa somptueuse demeure. Il manque de s’envoyer dans le décor : sur Sunset Boulevard, une gigantesque pub, un panneau démesuré annonçant la sortie, le jour même, du premier album de The Doors. Le chanteur enrage : pourquoi n’est-ce pas sa tronche et non celle de Morrison qui parade en format géant surOn est sous acide. Il y a moins d’un an, le groupe de Morrison faisait les premières parties de celui d’Arthur. Alors que Lee et ses musiciens préparent leur troisième album, les Doors sont numéro Un avec “Light My Fire”. Le monde nouveau ? Plutôt le monde à l’envers ! En 1965, Love ne ressemble à rien d’existant. Un groupe rock interracial. Arthur est noir, comme son copain d’enfance Johnny Echols, virtuose de la guitare. Trois Blancs complètent le tableau, dont un ex-roadie des Byrds, Bryan MacLean, remplaçant de Bobby Beausoleil (bientôt célèbre comme meurtrier au sein de la Manson Family). Les récentes émeutes de Watts n’ont pas calmé les autorités : la bande se fait régulièrement serrer par les flics en sortant de concert — leur mixité les rend encore plus louches. Et puis ce sont de vrais excentriques. Arthur, lunettes triangulaires sur le nez, déambule avec une seule chaussure, même par temps de pluie. Johnny : un Johnny Mathis rock’n’roll. Bryan, play-boy branché, arbore une coupe à la Brian Jones à une époque où la coiffure définit l’homme. Ils électrisent les clubs de la ville, Bido Lito’s, Brave New World, Ciro’s, Whisky A Go Go, leurs performances hallucinées surclassant celles de leurs collègues — Doors, Buffalo Springfield, Leaves, Seeds, et même Byrds. Elektra les signe, Arthur empoche le chèque, adopte un mode de vie princier et décadent, enregistrant deux splendides albums qui propulsent Love au sommet de la folie hippie. Reste à conquérir le monde, comme ces foutus Doors. Leur troisième disque doit casser la baraque, Arthur l’a déjà gravé dans sa tête, il va être grandiose.

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