« LAISSEZ ENTRER LES MONSTRES »
Qu’avons-nous vécu pendant ce festival de Cannes 2021, bizarre entre tous et qui s’est conclu sur un coup de sirène hurlante, au formidable fracas, lézardant les murs du palais aussi sûrement que nos certitudes ? Peu de palmes auront provoqué autant de surprise – et même de sidération, d’abasourdissement, d’incompréhension, d’encouragements et de désapprobations. En couronnant de Julia Ducournau, le jury présidé par Spike Lee a-t-il libéré un cinéma français jusqu’ici brimé, enfermé, tenu au secret dans une grotte parmi les chauves-souris ? Ou bien s’est-il laissé aveugler par un coup d’éclat ? Avons-nous assisté à un cinglant retour du refoulé ou à une aberration ? Est-ce une lame de fond ou un feu de paille ? Avec sa palme, deviendrait-il un phénomène encore plus monstrueux que le film aime l’être ? Ce qui comptera vraiment, c’est l’empreinte qui sera laissée. D’abord sur le sable du festival lui-même : pour la première fois, le film distingué par la décoration suprême du cinéma mondial est un film d’horreur, et même de Il est porté par une énergie générationnelle et donne le sentiment joyeux de griller la priorité aux traditionnels profils de films à palme, mais encore de le faire en klaxonnant, en dressant un majeur rageur par la fenêtre et en hurlant par-dessus le marché. De ce point de vue, c’est une sorte d’événement punk qui s’est produit le 17 juillet dans l’enceinte du grand auditorium Lumière. Mais ensuite, l’influence du film sera-t-elle durable ? Que retiendront les cinéphiles, les aspirants cinéastes et les producteurs qui, demain, les financeront ? Les frais gardons et les vieux mérous
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