Boris Vian, le blanc-bec qui voulait être noir
L FUT UN TEMPS OÙ LE JAZZ, en France, n’était pas écouté mais raconté telle une rumeur merveilleuse qui frappait à la porte des rêves, courait le long des nuits parisiennes, remontait des caves de Montmartre où quelques prophètes juraient avoir entendu le futur de la musique. 1947: pour savoir ce qui se passait à ce moment-là dans le jazz, le vrai, il fallait lire la revue ou écouter, rue Chaptal, dans le IXe arrondissement de Paris, les conférences du Hot Club de France qui présentaient des 78-tours introuvables en France. Au lendemain de l’Occupation, qui avait jeté l’opprobre sur l’art « judéo-nègre », alors que radios et labels préféraient servir à la jeunesse libérée de la rumba qui fait tchi-tchi et du swing qui fait tsoin-tsoin, le jazz américain, le seul véritable à cette époque, ne touchait qu’une poignée de passionnés vivant dans le souvenir des rares apparitions parisiennes de Louis Armstrong ou de Duke Ellington, et tenant à jour d’interminables listes de noms dans l’attente du retour des dieux
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