Alan Vega
“Mutator”
SACRED BONES/MODULOR
Un seul mot répété d’une voix d’outre-tombe, sur fond de cris et de bruits terrifiants. Une fois le cap passé, l’horizon se, The Vacant Lots. Incroyable le nombre de musiciens qu’il fascinait — de Bruce Springsteen à Christophe, en passant par Ric Ocasek. Les enregistrements de ce “Mutator”, abandonnés en 1996, ont été mixés et produits en 2019. Le résultat n’est que le premier d’une série de disques à paraître exploitant les archives d’Alan Vega, et si il était encore en vie, on l’aurait pris sans sourciller pour un nouvel album réalisé par ses soins. Fidélité est donc ici le maître mot. Avec peut-être, parfois, une tentation de joliesse (“Samurai”), mais à laquelle l’artiste n’était lui-même pas opposé. C’est une des caractéristiques qui rend son oeuvre — en solo ou avec Suicide — passionnante: cet équilibre toujours précaire entre un rock presque classique, mélodique, faussement doux et réellement séduisant (“Cheree”, “Jukebox Babe”) et des expérimentations bruitistes totalement sidérantes. On retrouve cette salutaire ambiguïté ici, entre “Nike Soldier”, sorte de hit tordu dans la lignée des précités, et les deux derniers titres, plus sombres et statiques. Un très bel album. A suivre, donc.
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