RITUEL IN MEMORIAM PIERRE HENRY
Pierre Henry (1927-2017) n’a eu de cesse d’exprimer l’univers sonore qui l’habitait, et sa discographie est immense. Ce troisième coffret publié par Decca n’est pas davantage une intégrale que les précédents, mais il renferme les pièces les plus emblématiques (1963), (1967) ou (1970), l’expression poétique prime toujours sur le propos didactique. Le domaine spirituel nous vaut le vaste rituel acousmatique (1962) qui emprunte au tibétain. Même si certains sons et les outils qui les ont produits peuvent paraître datés, le compositeur évite l’anecdote. Très marquée par l’exploration phonétique de la voix qui battait alors son plein, la (1967) fait encore son effet, même si on lui préfère la narrativité de (1968). Les grandes fresques scénarisées, sorte de cinéma pour l’oreille, explorent la veine bruitiste en hommage à Russolo (, 1975), l’inspiration industrielle (, 2010), ou un naturalisme ( et , 2008) qui peut, dans (1982), prendre un tour plus abstrait. Cette anthologie fait la part belle à l’inspiration électro-pop. Y figurent, outre la célèbre (1967), des pièces plus tardives qui reflètent un vrai intérêt pour la tendance techno. Reste le thème du remix et du collage, qui alimente le spectaculaire (2002), conçu à partir de la tétralogie de Wagner, ou le monumental (2011). Le remix est également présent à travers les nombreux inédits du coffret (versions augmentées ou intermédiaires, remix avec échantillons électro empruntés à d’autres artistes). Si le (2015) prend une dimension particulière en tant que dernier concert projeté par Pierre Henry, on lui préfère la sobriété et l’économie de moyens de (2017) et davantage encore le minimalisme intense de (2017), opus ultime particulièrement émouvant car empreint de l’agitation fébrile d’un homme qui se savait proche de la fin.
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