LES PILIERS DE LA TERRE
The Black Keys
Delta Kream
NONESUCH/WARNER
DAN AUERBACH ET PATRICK CARNEY ne sont pas les types les plus diserts de la terre. Toutefois, en engageant la conversation sur leur passion inamovible pour la “roots music”, ça va tout de suite beaucoup mieux – plus encore du côté d’Auerbach qu’avec son acolyte batteur. Sans aller jusqu’à prétendre avoir décelé des trémolos dans sa voix, notre homme était encore très récemment tout à sa joie d’avoir convaincu quelques anciens cadors de Nashville ayant accompagné Elvis Presley, Dusty Springfield ou Bobby Womack, de venir s’ébrouer avec lui sur les flamboyances d’un album posthume de Tony Joe White, ainsi que sur le prochain brûlot de Robert Finley. Si définir les contours exacts de cette roots music aurait largement de quoi occuper de longs symposiums, une évidence s’impose: Auerbach n’aura eu de cesse de lui présenter ses respects. Au sein des Black Keys ou en dehors. Dans son jeu de guitare, dans la (les) tonalité(s) qu’il aura su donner à chacune de ses multiples entreprises – y compris quand il enfilait sa casquette de producteur. Bref, qu’il décide avec Carney de s’embarquer dans l’aventure d’un album de reprises blues n’a en soi rien de surprenant. Qu’il(s) choisisse(nt) de “fignoler” l’affaire en concentrant les débats autour d’une forme de blues bien spécifique ne fait que confirmer la dimension pointilleuse de leur relation à la musique dans ce qu’elle a de plus global. Ce blues, donc, c’est celui du Mississippi. Un “certain” blues du Mississippi, celui réuni sous l’appellation “hill country blues”. Le plus terreux du lot, à l’instar de ces champs irrigués ou pas par les limons du grand fleuve faisant à lui seul… la pluie et le beau temps de la région. Le blues le plus… roots music. Tout se recoupe. Une façon pour nos clés noires de remonter à la source, la leur. Après tout, ce “Do the Rump” de David “Junior” Kimbrough ne figurait-il pas déjà, sous une couleur un brin différente, sur le premier album du duo, en 2002? N’avaient-ils pas consacré, quatre ans plus tard, l’intégralité d’un EP, six titres en tout, à leur vénération au même Junior Kimbrough? On ne s’étonnera pas davantage par conséquent que déroule à nouveau le tapis à l’icône avec cinq titres. R. L. Burnside est, lui, convoqué deux fois, John Lee Hooker, Fred McDowell, Ranie Burnette
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