LE CONFORT, UN JUSTE MILIEU ENTRE PERCEPTION ET SENSATION
Et je redoute l’hiver, […] la saison du comfort », écrit Rimbaud à la fin d’Une saison en enfer. Un confort avec un m, à l’anglaise, la graphie encore en cours au début du XIXe. Le nom revenait d’outre-Manche pour désigner « un état de bien-être physique et matériel » quand l’ancien français signifiait « soutien, encouragement ». Le nouveau concept a fait florès, indéfectiblement lié à l’espace intime. L’homme aux semelles de vent ne prisait guère cette maison, close, conforme à l’esprit bourgeois. Entre le cosy, le statique, le statutaire et le voyage, le poète avait fait son choix. Coincés dans nos murs comme en hiver par la crise du Covid-19, nous rêvons avec lui à d’autres ailleurs, à la fin des confinements, à ce printemps trop tardif. La pandémie a accéléré les mutations en cours dans nos intérieurs. La dangerosité du monde extérieur augmente l’exigence de maîtrise et de compréhension des objets qui nous entourent; la prise de conscience des effets de nos modes de vie et de consommation sur la planète modifie notre rapport aux objets: ils sont d’autant plus pourvoyeurs d’aisance qu’ils paraissent éthiques et peu polluants, le besoin d’hygiène accentue la nécessité d’avoir un mobilier sain et facilement nettoyable… Mais le confort est peutêtre d’abord une question d’image.
PHÉNOMÈNE DE MODE ET INNOVATION
affirme Stéphane Hugon, sociologue, cofondateur de L’équation apparaît avec évidence alors que la crise sanitaire nous a frappés sans prévenir. Si le confort est bien-être physique, il est toujours dépendant des imaginaires, variables selon la culture, l’âge et les aspirations de chacun. Complexe, il ne peut être réduit à son seul aspect physique ou à sa seule contribution à la commodité de la vie matérielle. S’il n’était que commode, quelle femme accepterait de se jucher sur des talons de 9 centimètres de haut? Il dépend intimement de l’air du temps comme des innovations technologiques. écrivait, en 1965, l’éminent historien de l’architecture Joseph Rykwert dans . Conduit par la mode ou, pour être plus large, par nos modes de vie, il évolue avec les grandes innovations. remarque le designer trentenaire Nathanaël Désormeaux. L’assurance de pouvoir rester en contact avec les autres quels que soient l’endroit et le moment, d’avoir une ouverture sur le lointain monde est désormais un contributeur majeur au bien-être. Après l’eau courante et l’électricité, une bonne connexion au réseau est devenue essentielle au bien-être contemporain. L’accessibilité est désormais fondamentale, elle va de pair avec la simplicité et la compréhension immédiate des bénéfices du produit.
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