Bellini Norma
Le 6 avril 1831, l’Odéon applaudissait Norma, tragédie d’Alexandre Soumet rappelant moins la noblesse des vers du siècle de Périclès ou de Louis XIV que les mélodrames du Boulevard – un triomphe largement dû à Mademoiselle George, la plus grande actrice de l’époque. Cinq mois plus tard, Vincenzo Bellini et son librettiste Felice Romani en tiraient le moins italien des chefs-d’œuvre du bel canto romantique. Et si Norma accomplissait un rêve français ? Celui de Racine, qui n’eut guère de chance avec les adaptations de ses œuvres à l’opéra. Eliminant l’infanticide et le suicide de la protagoniste, le livret resserre l’action en une dynamique absolument racinienne : celle d’un conflit entre passion et devoir, figé dans l’attente d’une issue toujours différée, concentrant une tension de moins en moins supportable, que seule résoudra la mort.
Le génie bellinien suit le chemin de l’épure que la tragédie lyrique française ne put qu’entrevoir au travers des divertissements obligés – sauf de Gluck. La sobriété de l’orchestre devient ici transparence, façonnée par la puissante inspiration harmonique du musicien. Les solos instrumentaux, et bien entendu les voix, y déploient leur grâce, leur désespoir ou leur fureur en ces mélodies infinies, en ces lents crescendos où Bellini réinvente ce
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