Le violoniste oublié
Qui, en dehors des aficionados, se souvient aujourd’hui de Max Rostal ? Issu d’une famille juive de Silesie, eleve d’Arnold Rose puis de Carl Flesch, ce violoniste (1905-1991) reste surtout connu pour son immense carriere de pedagogue, debutee a la Hochschule de Berlin en 1931, poursuivie a Londres en 1934, puis a, partir de 1958, a Berne et Cologne.
Rostal etait repute moins pour former des betes de scene que pour enseigner de maniere raisonnee mais intraitable les questions de style. Une sorte de Vlado Perlemuter du violon. Il fut le professeur entre autres d’Edith Peinemann, Erich Gruenberg, Thomas Zehetmair, mais surtout de Nobert Brainin, Siegmund Nissel et Peter Schidlof, membres du legendaire Quatuor Amadeus.
Une traversée du siècle
Ce recueil de sonates du XXe siecle, enregistrees entre 1952 et 1958, alors que Rostal enseignait a la prestigieuse Guidhall School de Londres, donne une image assez fidele de cet interprete difficile a etiqueter, aussi eloigne des grands Russes que de Szigeti, Menuhin, Szeryng, Grumiaux ou Francescatti.
Le repertoire britannique, dont Rostal maitrisait les idiomes a la perfection, s’y taille la part du lion. Sa sonate (1918) d’Elgar, corsee jusque dans ses murmures, ne doublonne avec aucune version. Celle (1947-1949) de Walton, qui voit la densite de son registre grave magnifiquement mise en valeur, rappelle que l’interprete etait un altiste d’envergure. Les parfums melliflus voire delicieusement surannes de la (1923) de Delius sont ici rendus avec une interiorite lancinante, jamais appuyee.
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