STRAVINSKY, UN ET MULTIPLE
Igor Stravinsky, ce « jeune sauvage qui porte des cravates extravagantes, baise la main des dames en leur marchant sur les pieds », comme le note, amusé, Claude Debussy, n’est-il qu’un artiste caméléon multipliant masques et pastiches ? Non bien sûr, notre dossier, p. 14). Passionnant fourre-tout, la volumineuse « » (23 CD) que lui consacre Warner pour le cinquantième anniversaire de sa mort renferme quantité d’interprétations de premier ordre. A commencer par celles de Michel Béroff, seul à son piano ou en compagnie de l’Orchestre de Paris (, , ) sous la baguette de Seiji Ozawa. Simon Rattle et ses Berliner Philharmoniker restent incontournables pour le ballet , la et celle en , tout comme Pierre Boulez dans et un génial (avec Ann Murray, Anthony Rolfe Johnson, Simon Estes). Saluons Charles Dutoit dans , , l’, . Et, côté chambriste, Itzhak Perlman et Bruno Canino (, les Alban Berg, Sabine Meyer (), Tabea Zimmermann ()… S’il y a mieux ailleurs, les remarquables de Muti (avec Philadelphie), de Jansons (avec Oslo) et l’ de Welser-Möst (Rolfe Johnson, Lipovsek, Ainsley…) valent amplement le détour. Tout comme les (Hadley, Upshaw, Ramey…) et (Rolfe Johnson) de Nagano. Certains choix, en revanche, interpellent, tels les par Nagano, le concerto pour violon par Vengerov et Rostropovitch, l’ d’Iwaki. Pourquoi Inbal au pupitre du Philharmonia pour , Mehta (et non Rattle) dans la ? A quoi bon ces transcriptions pour duo d’accordéons (!!) de ou du ? Surtout quand manquent à l’appel la , la , et autres grandes pages vocales et sérielles d’inspiration sacrée, qui auraient pu faire l’objet de quelques licences… Consolons-nous avec quatre pleins CD de références historiques et inattaquables. Ils permettent de retrouver à la baguette un Stravinsky prodigieux interprète de sa propre musique. Le voici donc, dans l’entre-deux-guerres, fréquentant les studios londoniens (), berlinois ( en… 1938), mais surtout parisiens (, ), notamment au pupitre du fabuleux Orchestre Straram (, avec le Chœur Vlassov). Il faut aussi l’entendre au piano, soliste de son (sous la baguette d’Ansermet), en compagnie de son fils Soulima pour le double concerto, ou donnant la réplique au violoniste Samuel Dushkin.
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