Bach/Busoni Chaconne (pour piano)
De l’art de la transcription
Le nom de Gene Korman vous dit-il quelque chose ? C’était un photographe de presse, et vous connaissez au moins l’une de ses photos, prise en 1952 pendant le tournage du film Niagara de Henry Hathaway : un portrait en buste de Marilyn Monroe. Et vous la connaissez bien davantage dans la déclinaison géniale qu’en a faite, en 1963, Andy Warhol.
Il arrive ainsi que la transcription phagocyte à ce point son support qu’elle prenne valeur d’œuvre à part entière, tout en renforçant la valeur iconique de l’original. Pensez à des traductions célèbres, comme les Poe de Baudelaire ; pensez, en musique, à l’orchestration par Ravel des Tableaux d’une exposition.
Dans l’immense répertoire des transcriptions pour piano, une seule possède un tel statut : la Chaconne de la Partita BWV 1004 pour violon seul de Bach, transcrite en 1897 pour piano par Ferruccio Busoni. Toujours jouée, toujours controversée, adulée des uns, honnie des autres, cette partition de concert a plus fait pour la célébrité de son auteur que tout le reste de son œuvre, pourtant considérable.
Un monument du piano
Et pourquoi la ? Pourquoi pas les transcriptions de pièces pour orgue (signées Liszt, elle, ajoute et surajoute, elle procède par apport, par développement, par extension : le transcripteur ne peut se contenter d’ingéniosité, il se montre compositeur.
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