Disques pop rock
Rats On Rafts
“Excerpts From Chapter 3: The Mind Runs A Net Of Rabbit Paths”
FIRE RECORDS
Ces Rats sur des Radeaux sont de Rotterdam, ville menacée de submersion totale par le réchauffement climatique, ce qui explique peut-être leur nom… Le groupe a été formé en 2005, et ce “…Chapter 3…” est donc son troisième album. Dès le premier titre, “A Trail Of Wind And Fire”, on est en 1979, avec cette batterie métronomique à la Joy Division, ce chant martial et étranglé à la Cure, etc. On ne va pas donner toutes les références que ce morceau inspire, juste qu’il fait penser à une sorte de “Best Of 1979”, la dernière année inventive du rock, pour ceux qui l’auraient oublié et ce n’est donc pas un hasard si tous les groupes intéressants d’aujourd’hui sont bloqués sur cette période. Cela dit, il n’y a pas que ça sur cet album, même si cette ambiance dite postpunk prédomine. Dès “Second Born Child”, ça devient plus sombre et bizarre, avec des tambours de jungle, des voix radio parlées, des choeurs incantatoires. La suite persiste dans ce registre expérimental, répétitif et pas franchement easy listening. Comme influences, les musiciens citent des gens comme Van Dyke Parks, Scott Walker, Moondog ou le Brian Wilson de “Smile”. Rien que ça. Alors que pour être franc, on entend plutôt des trucs — tout à fait dignes, hein — genre Echo And The Bunnymen ou The Teardrop Explodes. La seconde génération, donc. On ne sait d’ailleurs plus trop à combien on en est de générations, maintenant. Du recyclage de recyclage. Fatigue. Sinon, le mieux serait peut-être d’écrire de bonnes chansons plutôt que d’essayer de faire les malins avec des tas de bruits bizarres? Certes, les Rats On Rafts ne sont pas les seuls, et ce commentaire peut s’appliquer à une bonne partie de la production contemporaine.
STAN CUESTA
Goat Girl
“On All Fours”
ROUGH TRADE/BEGGARS
Encore faudrait-il s’entendre sur les deux termes. Expérimental car l’écart de style entre leur premier album et ce “On All Fours” ne peut s’expliquer que par le travail. Avant de démarrer ces sessions, les membres de Goat Girl auraient commencé par échanger leurs instruments. De là sont nés treize morceaux d’une diversité telle qu’elle pourrait rendre difficile l’écoute de l’album. S’il n’y avait ces mélodies superbes, entonnées bille en tête par Lottie Pendlebury, souvent harmonisée par Ellie Rose Davies (guitare), Rosy Jones (batterie) et Holly Mullineaux. Ce mélange d’expérimentation sonore et d’écriture donne naissance à quelques passages musicaux absolument épiques. Même les chansons les plus anodines — “Closin In” — réussissent à partir loin, comme cette montée de “Once Again”, en contrepoint parfait à son introduction, dont la beauté laisse échapper un petit à la musicienne qui se trouvait devant le micro au moment de son enregistrement. Capté en partie dans une laiterie/salle de réception/studio The Yoghurt Rooms, et chez Dan Carey, LE producteur de la scène, certains morceaux s’envolent haut, flottent, montent jusqu’à l’espace, tel “The Crack” où le père de la chanteuse joue de l’alto. Une collaboration qui témoigne de la jeunesse du groupe. En 2016, quand elles ont signé chez Rought Trade — le lendemain du vote du Brexit —, les quatre Goat Girls ont à peine dix-huit ans. Cinq ans plus tard, l’Angleterre redevenue cette île perdue au milieu d’une mer grise, elles en ont vingt-trois et
