Guerres & Histoires

UN SOVIÉTIQUE EN SYRIE DURANT LA GUERRE DU KIPPOUR

G&H: Quand entrez-vous dans l’Armée rouge ?

Alexeï Ivanovitch Druze : En 1950, lorsque j’intègre l’école des blindés. On ne disait déjà plus Armée rouge [depuis 1946, NDLR], mais armée soviétique. Après trois ans d’études, je sors major de ma promotion. Staline vient de mourir. J’ai travaillé dur pour avoir le droit de choisir le district militaire où je servirai. Je voulais faire mon service en Allemagne de l’Est. L’officier politique me dit Niet ! Avec ce petit commentaire: « Si tu étais marié, on pourrait te laisser partir. Tout seul, qui peut garantir que tu ne vas pas passer à l’Ouest ? » Comme le district militaire des Carpates était le plus populaire à l’époque, je signe pour les Carpates. On m’expédie à Rovno [en Ukraine, NDLR] où se trouve l’état-major de l’armée blindée. Me voilà bombardé premier lieutenant, adjoint pour les questions techniques du capitaine commandant une compagnie de chars. J’ai à m’occuper d’un parc de dix automoteurs lourds. À l’état-major, on me déclare que je suis destiné à prendre le commandement d’un bataillon d’engins du même type. Je proteste et demande à travailler dans ma spécialité : je suis un technicien, je n’ai pas étudié pour commander. On me répond : « D’accord, on va bientôt virer ces frontoviks et dans trois mois tu auras ta place ». C’est ainsi que le pouvoir soviétique traitait son peuple comme un vieux chiffon qu’on jette après l’avoir utilisé.

Cela se passe-t-il comme prévu ?

Pas du tout. Un colonel de l’État-Major général demande à voir tous les dossiers. Il recrute pour la division de Taman, qui est une sorte de garde présidentielle. Il prend deux gars, deux majors de promotion : Micha Chestakov et moi. Je suis affecté au régiment d’instruction de cette division pour donner des cours techniques sur les chars. On est cantonné à Alabino, le polygone d’entraînement n° 1 de l’URSS. En 1958, j’essaie d’entrer à l’académie des troupes blindées. Mais je rate les maths. On me propose alors l’académie de l’artillerie à Penza. C’est comme ca qu’en 1962 je deviens spécialiste des missiles anti-aériens, avec le grade de capitaine. Je suis). À cette époque, on se prépare à la guerre contre la Chine. Il y a sans cesse des manœuvres, où paraît le maréchal Gretchko en personne. En 1968, je suis muté à Douchanbé, au Tadjikistan, à la 201 division motorisée, en tant que commandant des missiles et de l’artillerie de cette formation. Je suis major (commandant) alors que ce poste devrait être tenu par un lieutenant-colonel. Je n’ai obtenu ce grade qu’en 1971.

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