ACHILLE BAZAINE, GLOIRE ET RUINE D’UN MARÉCHAL DE FRANCE
De tous les militaires de haut rang en 1870, il est le seul à avoir payé le prix de la défaite. Une sorte de victime expiatoire… tendant, il est vrai, son bâton de maréchal pour se faire battre. En 1913, le général Palat écrit à propos de Bazaine: « On lui a imposé des devoirs au-dessus de sa compétence ». Il n’avait pas tort, mais la citation peut aussi s’appliquer à de nombreux officiers généraux de Napoléon III. La carrière de Bazaine, de son échec à Polytechnique à la catastrophe de Metz, illustre tous les vices du corps des officiers et de l’armée au cours de cette période. Né à Paris en 1811 d’un père polytechnicien, Achille Bazaine échoue au concours d’entrée à la même école. De dépit, en 1831, il s’engage comme simple soldat au 37e de ligne à Auxonne. En moins de deux ans, il accède à l’épaulette sans véritable formation intellectuelle, alors négligée dans l’armée française. En revanche, il acquiert très tôt une solide expérience du combat auprès des grands commandants en Afrique. Comme beaucoup d’officiers, Bazaine est en effet formé à « l’école algérienne ». Il suit le duc d’Orléans dans ses campagnes, apprend l’arabe et travaille étroitement avec les fameux bureaux arabes. En Algérie, Bazaine apprend et pratique une guerre coloniale dite de pacification, faite de combats mais aussi d’expéditions punitives, de mises à sac et de massacres. Cette violence ne provoque aucun bouleversement des consciences à l’époque. Le jeune officier se distingue par son courage et son ardeur au feu. Blessé au combat de la Macta contre Abd el-Kader le 28 juin 1835, il est plusieurs fois cité. Il n’a que 24 ans quand il est fait chevalier de la Légion d’honneur, cas exceptionnel.
Parenthèse dans la carrière algérienne de Bazaine, son envoi en Espagne durant les guerres carlistes (), révèle un magnifique officier de Légion étrangère, un corps nouvellement régiment étranger en 1851 à 40 ans et général de brigade à 43 ans.
