APRÈS LE SÉISME, VENT DE RÉFORMES À BERLIN
La grande catastrophe de 1806, telle que Clausewitz l’a décrite, n’a pas eu que des conséquences militaires : c’est l’équilibre de toute une société qui a été rompu à Iéna et Auerstaedt. Réformer l’armée pour sortir la Prusse de l’ornière ne suffit donc pas : il fallait aussi repenser l’administration, la direction de l’État, l’économie, le système éducatif… Cependant, en Prusse, le besoin de changement ne naît pas d’une remise en cause des fondements de la société elle-même. Il s’agit plutôt d’adapter la société aux défis de son époque, notamment ceux qu’a lancés la Révolution française. Cette révolution voulue par une partie de la classe dirigeante a en conséquence été désignée postérieurement par les historiens comme « révolution d’en haut » ou « par le haut ».
Des réformes avaient bien été entamées dès le règne de Frédéric II, qui meurt en 1786 : ainsi, un code général établit l’égalité de tous les sujets devant la loi. Toutefois, elles n’ont pas été mises en œuvre avant l’éclatement de la Révolution française du fait de l’inertie du système politique et de l’administration. À partir de 1789, ces évolutions font même, par réaction aux événements français, l’objet d’une forte résistance de la part des éléments les plus conservateurs de la société.
La nécessaire modernisation de l’État
Deux des principaux acteurs des réformes conduites après 1806 – Stein et Hardenberg – étaient persuadés bien avant la catastrophe de la nécessité de réformer l’État et l’économie. Deux documents datant de 1807 permettent de connaître leurs positions : le mémoire dit de Nassau rédigé par
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