Guerres & Histoires

LA BATAILLE DE SEDAN A-T-ELLE ÉTÉ DÉCISIVE ?

Le 11 septembre 1870, Moltke écrit à son frère : « À vrai dire, la guerre devrait être finie (…) peut-être dans une quinzaine de jours ». La capitulation de Metz, jugée imminente, est alors vue comme le coup fatal à la volonté française de continuer la lutte. Cet espoir est partagé par les généraux comme par l’ensemble de la troupe, après les énormes pertes subies dans les batailles d’Alsace et de Lorraine.

Mais la révolution du 4 septembre à Paris est passée par là, mettant à bas le régime impérial. La république est proclamée et le premier acte de Jules Favre, ministre des Affaires étrangères du gouvernement provisoire, précisément intitulé « gouvernement de la Défense nationale », est d’informer les chancelleries étrangères et l’opinion que la guerre continue : « nous ne cèderons ni un pouce de notre territoire, ni un pouce de nos forteresses ». Or c’est précisément les conditions que Bismarck exige pour négocier la paix. La guerre continuera encore sept mois (février 1871), avant que la volonté politique de poursuivre la lutte incarnée par Léon Gambetta ne cède le pas aux partisans de la paix représentés par Adolphe Thiers.

Pour spectaculaire qu’elle soit, la défaite de Sedan n’aura donc pas suffi à elle (…) ». Autrement dit, la bataille a bien été décisive… mais les contemporains l’auraient ignorée pour entamer une autre guerre. C’est aussi la conviction que se forge le Grand Quartier général allemand après cette guerre qui offre à la Prusse la domination de l’Allemagne et la proclamation d’un Empire propulsé au rang de première puissance continentale. L’écrasante victoire de Sedan, amenée par dix jours de savantes manœuvres de poursuite et d’enveloppement (), devient dès lors un modèle. En éliminant la dernière armée régulière ennemie encore en campagne, elle a privé le gouvernement français des moyens militaires de poursuivre la lutte et c’est uniquement l’acharnement romantique et idéologique des nouveaux dirigeants républicains, et en particulier de Gambetta, qui aurait vainement cherché à retarder une échéance inévitable…

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