Corentin Fila
Il a coupé ses dreadlocks et arbore des cheveux très courts sous la capuche de son sweat. Cool, Corentin Fila ? Mieux que ça, chaleureux, séducteur, à l'écoute. De retour d'un tournage de la série sur Netflix, le chouchou de 32 ans traîne une petite valise poussiéreuse et tutoie d'emblée. « J'aime bien les gens, avoue-t-il, d'ailleurs, c'est pour ça que je fais ce métier. et 14 arrondissements (chez ses grands-parents experts psychiatres) avait d'abord songé à devenir coach sportif, avant d'être blessé et de se diriger mollement vers des études d'économie. « J'ai même une licence, que j'ai obtenue en bachotant deux semaines avant les examens, mais franchement, je n'ai aucune notion d'économie », rigole-t-il. Son parcours professionnel est tout aussi hasardeux (il a été barman, ouvrier du bâtiment, vendeur ou mannequin), jusqu'à ce qu'il ait enfin, à 23 ans, la révélation. Il sera comédien, comme les acteurs sud-africains qu'il a vu jouer dans une pièce de Peter Brook : « Comme une évidence, il m'est apparu que je pouvais faire la même chose. » Il s'inscrit alors au cours Florent. Là, signé par un agent qui l'a repéré au spectacle de fin d'année, il a la chance inouïe d'être engagé, dès son premier casting, pour le film d'André Téchiné, une histoire d'amour entre deux jeunes hommes. « Quand tu es hétéro, les scènes de sexe sont moins gênantes avec un homme. Je suis toujours dérangé par le regard de mes partenaires filles, par l'idée qu'elles puissent penser que je veuille profiter d'elles. » Féministe déclaré, il a ainsi tenu à discuter longuement avec Tallulah Cassavetti, 19 ans, qui tient le rôle principal dans avant leur scène d'amour qui ouvre ce très beau film d'une jeune réalisatrice à peine sortie de la Fémis, Anna Cazenave Cambet. « Parler, ça désamorce. Ce qui est drôle, en fait, c'est qu'une scène comme ça est hyper-technique. Et on n'a jamais la sensation, après, de connaître le corps de l'autre. » Dans ce récit initiatique, racontant le cheminement intérieur d'une jeune fille d'aujourd'hui, il incarne le type qui s'en fout, qui couche avec une fille pendant les vacances puis la laisse tomber à la fin du séjour. « Un film féministe fait par une réalisatrice et une actrice qui m'ont toutes les deux fasciné. Tallulah possède une singularité et une nonchalance qui masquent une grande profondeur, elle est brillante et douée. » De même que Corentin, acteur qu'on peut voir dans sur Canal +, et qu'on admirera bientôt dans le film de Frédéric Videau, Et comédien engagé, qui n'a pas hésité, en 2018, à s'arrêter un an pour venir en aide aux migrants avec une association britannique, Good Chance, à Calais et à Paris. Militant antiraciste, il reconnaît que son métissage (il est français d'origine congolaise) ne lui apporte pas toujours autant de castings qu'il voudrait. « Mais ça change, avec la génération de jeunes réalisateurs qui arrivent. » C'est tout le bien qu'on peut lui souhaiter.
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