La force fragile
Denis Ménochet ne court pas après les journalistes, et c’est une litote. Dans le nouveau film de François Ozon, qui a fait un tabac au Festival de Berlin et sort dans les salles le 6 juillet, il incarne superbement Peter Von Kant, un monstre d’égocentrisme amoureux, présent à l’écran de la première à la dernière image. Une performance, un rôle de rêve pour un comédien de 45 ans qui a longtemps ramé avant d’enchaîner, rien qu’en 2021, cinq tournages pour cinq réalisateurs qui lui ont offert de splendides partitions.
Oui, mais bon. La promo, ce n’est pas son truc. Il n’est pas sûr d’avoir grand-chose à dire. Pas très envie de quitter sa grande maison, au bout du bout de la Bretagne, dont l’aménagement l’a guéri des angoisses du confinement. Et pourtant, il est là devant moi, en jean et T-shirt, silhouette massive face à la gare de Quimper, avec ce regard océan couronné de sourcils en accent circonflexe, où passent des émotions emmêlées. Et même, il sourit. Annonce qu’il veut me montrer sa mer. Une fois au restaurant, il opte pour la lotte et, alors que j’hésite avec les encornets, il décide de commander trois plats pour deux. Je proteste : « Ce n’est pas raisonnable ! » Soudain il se mure, l’œil ne frise plus. « Pourquoi ? », jette-t-il d’un ton sec. Pourquoi quoi ?
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