Moto Revue

Stéphane Chambon Un coup de Guidon en Or

Court de taille mais au palmarès sans fin, Stéphane Chambon est une comète qui a traversé la fin des années 80 jusqu’au début des années 2000. Éclectique, son talent a fait trembler les plus grands de la planète. Et comme souvent, l’histoire démarre le plus simplement du monde. « J’avais 11 ans et un cousin un peu plus âgé que moi. Il venait d’avoir un 50 Malaguti. Il passait sans cesse devant la maison. » De quoi créer l’envie. Pour patienter, il fracasse les mobylettes des grands-pères, de la cousine. Arrivent ses quatorze ans… et un 50 à vitesses. Ni une ni deux, il se fait engager à l’enduro de Mazan, avec son Beta 50. Le cousin à la Malaguti, Jean-Pierre Raymond, dispute déjà l’intégralité du championnat de France et occupe la troisième place du classement provisoire. « Je me retrouve à prendre le départ d’une spéciale dans sa roue. Je le rattrape, je m’envole. Je détruis la moto. Il n’y avait même plus la poignée de gaz sur le guidon. » Évidemment, la course s’arrête là. Mais la performance est remarquée par les copains de son père, qui le persuadent d’acheter à Stéphane une moto digne de ce nom. Un Fantic Mig 26 rejoint donc le garage familial. Et Stéphane gagne la deuxième course à laquelle il participe: « C’est parti de là. » Dans la foulée, un Suzuki 80 RM s’ajoute au Fantic. « Les jumps des circuits de cross m’ont tout de suite beaucoup plus amusé que les spéciales banderolées de l’enduro. » Il s’attaque à la Ligue et s’engage au championnat de France junior de motocross, avec une 125 Suzuki. « C’était en 1983. Je ne me souviens pas de ma place finale, mais ça devait être dans le Top 10. » Il se retrouve en Inter au moment où le Supercross s’installe en France (« Il y avait plein d’épreuves organisées dans la région. »).

« Mais d’où il sort celui-là? »

Il y développe un vrai sens du show. Les années se suivent et il remporte le titre national 250.   Nous sommes en 1988 Il se retrouve donc au guidon de la diabolique rouge. Avec l’accent: Finalement, « Le jockey d’Avignon », comme l’appellent les speakers de l’époque, ne tarde pas à intégrer le mode d’emploi. Il gagne sa demi-finale et termine second de la finale, derrière le grand Pidoux. Bien sûr, Marcel Seurat, importateur HVA mais aussi éleveur de champions qui a sorti des gars comme Peterhansel, Pidoux, Morales, Rubio and co, est présent. Depuis quelques semaines, Stéphane fait passer le mot qu’il pourrait arrêter la moto, faute d’aides. Seurat percute et demande à Pidoux ce qu’il pense du petit. Laurent rétorque: Ni une ni deux, le « Gros » lui dit que s’il veut arrêter le championnat de Ligue et devenir professionnel, il faut qu’il vienne habiter à Beaune. À l’époque, Marcel loge ses pilotes dans la maison qu’il a construite au-dessus d’une cave, au milieu du vignoble de Hautes Côtes de Beaune. En dehors du fait d’y inculquer à ses ouailles le goût du bon vin, il pousse tout ce beau monde à essorer la poignée de gaz. Seurat lui présente le programme, ses conscrits et sa chambre. C’est l’automne, et deux semaines plus tard, il y a un Supermotard à Caen. Et surtout, il gagne la première course qu’il fait pour la SIMA. Deux semaines plus tard, c’est la finale du championnat de France à Bordeaux. L’enjeu est d’importance puisque le titre se joue entre la HVA de Pidoux et la Yamaha de Peterhansel. Et Stéphane rafle tout. Peter fonce voir Pidoux: Seurat est heureux: la Husqvarna qui était réputée pour n’être pilotable par des gabarits de bûcheron gagne avec Chambon, qui affiche crânement 1,58 mètre sous la toise et 55 kilos à la pesée… S’ensuivent des années de glisse et de titres. Mais aussi une saison, à la bascule des années 80 et 90, où Seurat veut absolument qu’il dispute le championnat de France d’enduro. , se souvient-il. Pidoux lui propose de lui apprendre les dévers et les pierriers en échange de cours de roue arrière maîtrisée avec le frein à pied. Les deux roulent à fond et s’entendent à merveille. Au terme des deux premières épreuves du championnat de France, Stéphane est en tête du classement général National A. La troisième course, contrairement aux deux premières, se déroule sur un terrain glissant et boueux: Il y a aujourd’hui prescription: Il casse la durite de frein avant, abandonne et va voir Seurat: Fermeture du ban. Au début des années 90, le Supermotard est à son apogée. Sékoïa, la boîte d’organisation de Brochery et Vassard, lance le Guidon d’Or. L’argent des cigarettiers n’est pas encore interdit et quelques-uns des meilleurs pilotes américains de Grands Prix 500 débarquent sur le circuit Carole pour se frotter aux Européens. Rainey, Gardner, Lawson, Kocinski, Mamola viennent tour à tour sur le circuit parisien. En 1992, John Kocinski est présent au milieu d’un quatuor de pilotes Yamaha. Il essaye les quatre motos. « Mais quand il me voit rouler, ça le rend dingue. Il vient parler à Marcel Seurat et demande à essayer tout de suite une Husky, et de préférence la mienne. » Seurat refuse de lui prêter celle de Chambon, mais lui en trouve une. Kocinski jette la Yam’ et garde la HVA. Ce qui ne lui suffit pas pour battre le Français: « Je gagne, et je me souviens d’une photo où Marcel m’embrasse sur le front tellement il était heureux de ma course. » Le charismatique patron de la SIMA, importateur Ossa, Husqvarna, Ducati, Beta mais aussi, comme vu précédemment, éleveur de champions, est aux anges. « Avec monsieur Seurat, la vie était simple. Le matin, on traînait au service course de la SIMA avec toute l’équipe. » Il arrivait même que les pilotes mettent les mains dans le cambouis pour participer à l’entretien de leurs montures. « L’après-midi, on allait s’entraîner. Puis on rentrait à la maison. Après la douche, on donnait un coup de main à madame Seurat pour préparer à manger. Les discussions durant le repas étaient légères et tournaient souvent autour des courses, de l’entraînement. Il nous faisait aussi boire un verre de vin en nous disant qu’avant d’aller se coucher, ce n’était pas mauvais. » Et lorsque quasiment chaque week-end se termine par une victoire, l’humeur des troupes est forcément au beau fixe.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Moto Revue

Moto Revue2 min de lecture
« Pour Bihr, Être Leader Européen Ne Suffit Plus »
Thierry, on entend dire depuis fin juillet que Bihr passe sous la bannière étoilée. Qu’en est-il exactement? Il n’est pas exact de dire que Bihr est désormais sous pavillon américain puisque le rachat de la société par Arrowhead n’est pas encore enté
Moto Revue3 min de lecture
L’été En Pente Douce
Une fabrication germanique qui fait du confort et de la protection les axes de développement de ses produits. Pas beaucoup de place au compromis chez Schuberth. à la réserve près qu’on parle ici d’un jet et par nature, un casque ouvert n’offre qu’une
Moto Revue1 min de lecture
À Deux, C’est Mieux!
Cette catégorie duo est réellement une exception dans le monde la compétition. Bien sûr, il existe les « baptêmes» sur circuit ou le side-car pour donner des sensations à son passager mais là, on entre dans un autre monde: celui de la course. Chacun

Associés