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En trimaran par les trois caps

i le contreplaqué de avait été de meilleure qualité… Et si les conditions étaient restées « normales » pour un mois de mai au nord des Açores… Mais les courses ne se gagnent pas avec des « si » et cette dépression de trop – 50 noeuds de vent et une mer énorme – n’a laissé aucune chance à un bateau, son trimaran de 12 m, avec sa compagne, Eve. Nigel décide aussitôt de se lancer mais sait qu’il lui faut un bateau plus performant et adapté aux quarantièmes. Il demande à Derek Kelsall (l’architecte du fameux , qui a convaincu Eric Tabarly de se mettre au multicoque) de lui étudier un trimaran de 15 m… mais ne parvient pas à trouver de sponsor. qu’il prépare de son mieux en prenant congé de la Navy. Le 16 septembre 1968, près d’un mois après Fougeron et Moitessier, il quitte Plymouth, septième des neuf prétendants au Golden Globe à prendre le large. Dès le début, les pépins se succèdent (tangon cassé, rupture de barre de flèche, avarie de gouvernail, régulateur d’allure inopérant…) mais il en faudrait plus pour atteindre le moral de Nigel qui assure réparations et manoeuvres avec la même efficacité et recharge les accus en écoutant de la musique classique et en se mitonnant des petits plats. Dans l’océan Indien, la structure de montre des signes de faiblesse, ce qui incite Nigel à rallonger sa route en restant autant que possible au-dessus du 40e parallèle. Au milieu du Pacifique, une vague fait éclater la timonerie, des fissures apparaissent et le bateau fait de l’eau sans arrêt. Nigel s’accroche, passe le Horn le 18 mars 1969, hésite à s’arrêter au Brésil pour réparer, mais préfère consolider ce qu’il peut et continuer. Le 22 avril, au voisinage de l’équateur, recoupe le sillage de l’aller. La partie symbolique du pari – le tour du monde – est déjà gagnée. La suite aurait dû ressembler à une formalité: quand il passe l’archipel des Açores, tout le monde voit Nigel terminer en moins de 260 jours (près de deux mois de moins que Robin Knox-Johnston!) et empocher la prime de 5000 £ du Sunday Times. Le retour à la réalité sera cruel dans la nuit du 21 mai, quand la mer arrache le flotteur bâbord de avant d’envahir la coque centrale…

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