Le Journal du dimanche

Samia Ghali, une histoire marseillaise

Correspondante Marseille (Bouches-du-Rhône)

Une scène comme tirée d’un mauvais thriller politique. Flash-back 2009 : en pleine tempête politico-judiciaire, Jean-Noël Guérini, l’homme fort du Parti socialiste marseillais, se voit des ennemis partout. Une lettre anonyme envoyée aux juges accuse celui qui est aussi le puissant président du conseil général des Bouches-du-Rhône d’avoir favorisé les affaires de son frère Alexandre, un sulfureux homme d’affaires spécialisé dans les déchets. Le courrier est si précis que l’élu est persuadé que la taupe est dans son camp. Il convoque une réunion secrète avec ses proches. « J’ai des preuves », hurle-t-il ce soir-là, visant, sans le dire, le socialiste Patrick Mennucci, lui aussi présent. Le huis clos est éprouvant, les protagonistes sont tétanisés. Parmi eux, Samia Ghali, 41 ans, alors l’une des figures montantes de la gauche locale. « Je la voyais tiraillée entre ses deux mentors, celui qui lui offrait un avenir, Guérini, et celui qui avait construit son passé, Mennucci, raconte l’un des témoins. Je me souviens de m’être demandé lequel elle allait choisir. J’ai compris ensuite qu’elle n’avait pas choisi, justement. Sa force est de savoir résister à la pression. Pour avoir tenu si longtemps et avoir survécu à tant de tsunamis politiques, il faut avoir un certain sens de la navigation. »

Samia Ghali, seule rescapée du désastre ? Onze ans après, Jean-Noël Guérini, exclu du PS, s’accroche à sa dernière bouée politique, son mandat de sénateur, dans l’attente d’un procès annoncé le 15 mars. Battu aux législatives par Jean-Luc Mélenchon, l’ex-député Patrick Mennucci a quitté l’arène politique, reconverti dans la formation aux élus. Autrefois redoutable et redoutée, la gauche marseillaise secteur (une partie des quartiers nord), l’ex-sénatrice de 52 ans a tout de même réussi à s’imposer, in extremis, parmi les premiers rôles de la nouvelle équipe municipale issue du Printemps marseillais, cette union des gauches, des écologistes et des collectifs citoyens qui ne voulait pourtant pas d’elle. La voici même deuxième adjointe de la deuxième ville de France, le dernier tour de force d’une incroyable destinée, de celles qu’on voit plutôt dans les séries télé.

Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.

Plus de Le Journal du dimanche

Le Journal du dimanche1 min de lecture
La CGT « Plantée » Sur Les JO
L’annonce de Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, d’un préavis de grève dans la fonction publique pendant les JO, a fait « pschitt ». Aucun syndicat n’a embrayé, et les fonctionnaires eux-mêmes, d’après les premières remontées, sont consterné
Le Journal du dimanche4 min de lecture
FRANÇOISE BERNARD Savoureuse mystification
Pas besoin de la cuisiner longtemps. Jusqu’à la fin d’une vie qui fut longue (elle est morte en 2021 à 100 ans révolus), Françoise Bernard confessait volontiers s’appeler Andrée Jonquoy. Un nom effacé des radars depuis 1953, si ce n’est pour l’état c
Le Journal du dimanche3 min de lecture
Sécurité Privée « La Surveillance Humaine Est Un Métier En Tension »
« L’État ne peut se satisfaire de l’ampleur de ces défaillances. » Le comité ministériel des Jeux olympiques et paralympiques, réuni le 15 avril, a dressé un constat brutal, révélait Le Monde cette semaine : la sécurité privée risque de ne pas être a

Livres et livres audio associés