Nevada Road to nowhere
On roule tout droit, et l’absence de toute trace de vie humaine dissout la sensation du temps.
l’expression paraît avoir été créée pour cette ligne droite qui coupe en deux le vide quasi lunaire où la Gigafactory 1 de Tesla s’est installée en 2015, près de Sparks. De loin, les immenses toits couverts de panneaux solaires étincellent comme un mirage, faisant danser au loin les cimes enneigées de la Sierra Nevada. Hormis quelques chevaux qui tournent la tête au passage du 4x4 – électrique –, le désert impose son immensité panoramique et menaçante. Naviguant dans les territoires les plus arides des Etats-Unis, les routes prennent, au Nevada, la dimension solennelle d’une ligne de vie. Est-ce un hasard si l’asphalteaprès ces quelques lignes publiées dans le magazine en 1986 : « Le tronçon visé par ce commentaire se trouve à l’est de la Gigafactory 1, ce qui invite tout voyageur un peu rêveur à tester ses limites. Il suffit d’un plein de carburant pour faire l’aller-retour en moins d’une journée jusqu’aux confins de l’Utah voisin. C’est après Fallon que l’aventure commence vraiment : un panneau indique que la prochaine bourgade, Austin, se trouve à 90 Après quoi, deux heures durant, le véhicule glisse dans un altiplano de couleur ocre, où l’horizon rapproche de temps œ autre un camion ou un pick-up. Les monts Toiyabe distraient un peu de la monotonie du paysage qui s’étire jusqu’aux premières maisons de style Far West d’Austin, puis la route s’enfonce dans une solitude encore plus hypnotique. On roule tout droit, et l’absence de toute trace de vie humaine dissout la sensation du temps. Juste avant Eureka, quelques ranchs stockent la poussière sous le soleil écrasant du désert. Dans le bourg sans intérêt, pas de café ouvert, et un pompiste qui dort dans une cahute rouillée : il est temps de retrouver la civilisation. En revenant vers l’ouest, l’aridité légendaire du Nevada reprend les couleurs de la vie aux abords de la rivière Truckee. Une digression par l’Interstate 80 permet d’en longer les remous et les cascades aux allures de torrent de montagne. Il y a des sapins œ perte de vue, des petits lacs bleu glacier éblouissants au détour des lacets. On s’arrête sur les hauteurs du Donner Lake, avec une pensée émue pour tous ceux qui y laissèrent la vie en tentant de franchir ce col. A l’époque de la ruée vers l’or, les pionniers qui cherchaient un passage vers la Californie y restaient parfois piégés par des chutes de neige redoutables.
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