LA FÊTE AU TEMPS DU COVID
Minuit. Le crime est tout juste organisé. Bart a reçu ce soir même l’invitation sur l’appli Telegram et s’apprête, comme des centaines d’autres Berlinois, à rejoindre une rave clandestine à Hasenheide, un parc du quartier de Neukölln. La nuit noire complique la traversée, on se fie au rythme incantatoire de baffles lointains, guidé par la lumière amicale d’un Smartphone. Aux abords de la grande scène, des guetteurs surveillent l’arrivée potentielle de policiers. Un jeu du chat et de la souris s’opère depuis le début de l’été entre forces de l’ordre et fêtards frauduleux. Ces rassemblements en plein air, totalement illégaux, ont lieu presque quotidiennement aux quatre coins de la capitale allemande, au grand mépris des mesures sanitaires. Mais le parc étant suffisamment vaste, la rave peut se délocaliser et reprendre à tout moment, à quelques centaines de mètres du point de ralliement initial. Une techno minimale sort d’enceintes à l’amplitude limitée. Difficile d’apporter ici du matériel trop lourd, alors on s’accommode de cette ambiance de club recréée en extérieur. Le plaisir n’est en rien altéré. De la zone de danse se dégage une énergie folle, les silhouettes ondulent sur les vibrations sonores. L’alchimie opère – presque toute l’assistance étant sous substances –, le corps devient un moyen d’expression à lui seul. Enfer délicieux, une ronde lascive se forme. Les visages s’y devinent à peine sous la faible lueur d’une lune gibbeuse. Lors de ces rencontres furtives dans l’obscurité, masques et gestes
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