« Il n’était pas facile de distinguer le lac du ciel, comme si les flots s’étaient transformés en air pur, et le firmament en miroir du lac. Il était impossible de résister au sentiment de tranquillité, de dignité et de réserve qui donnait d’autant plus de relief à la beauté naturelle du site. »
Carlos Fuentes, écrivain, 1928-2012.
our peu que l’on arrive de l’est par le train, on aura longé Zürichsee, son lac en forme de banane, et laissé sur l’horizon les neiges préalpines. Quarante kilomètres de rives fertiles, de Goldküste (cette autre Côte d’Or que constitue la rive droite) nappée de vignes et de vergers, de clochers, de ports miniatures, de pêcheurs de brochet et de scolaires en régate d’Optimist. Puis les berges de la Limmat et leurs fameux des bains publics où, selon l’heure et la saison, on vient piquer une tête, danser pieds nus, se faire une toile sous les étoiles ou lâcher ses toxines au sauna. Facile de plonger dans le bain de la siècle, émigrés politiques, réfugiés de guerre, communistes et artistes à coloniser le quartier? Au n 14 de la verdoyante Spiegelgasse, Lénine fomentait la Révolution russe entre 1916 et 1917, pendant qu’au n 1 de la même rue, le Cabaret Voltaire enfantait le dadaïsme, mouvement barré, aussi célèbre qu’éphémère. Aujourd’hui, les boutiques, squares et terrasses trendy tout autour lui valent d’être le mètre carré le plus cher de la ville.