Assad junior, apprenti dictateur
Quatre ans, c’est en principe l’âge de l’innocence, celui où l’on s’amuse à faire du vélo avec des petites roues ou à jouer à la poupée. Chez les Assad, à 4 ans, on possède déjà un destin tout tracé. Hafez El-Assad, qui porte le prénom de son dictateur de grand-père, comme l’impose la tradition dans les familles arabes pour le fils aîné, n’en a pas encore conscience lorsque son géniteur accorde, en 2005, une interview à une journaliste allemande. À la fin de l’entretien, la reporter demande au président Bachar El-Assad, au pouvoir depuis cinq ans : « Qui vous succédera à la tête de l’État syrien ? » « Hafez, naturellement », répond-il du tac au tac. Avant que ses conseillers ne censurent la question.
L’anecdote, peu connue, est révélatrice des intentions qui animent le despote depuis la naissance de son premier enfant, le 3 décembre 2001 : lui qui a hérité le pouvoir de son propre père, il y a tout juste vingt ans, rêve d’une succession dynastique, à l’instar de la famille Kim en Corée du Nord. D’abord en sourdine, puis ces derniers mois de plus en plus ouvertement, sans honte ni vergogne, malgré la guerre qui ravage le pays depuis neuf ans, malgré 380 000 morts et 6 millions de réfugiés à l’étranger. Et malgré le jeune âge du « candidat » : 18 ans…
«Il parle de la même manière que ses parents, comme s’il prêchait» Ayman Abdel Nour, ex-conseiller de Bachar El-Assad
Le processus s’est même intensifié après la brouille fin avril avec son cousin, le magnat des télécoms et ancien homme lige Rami Makhlouf, puis avec l’entrée en vigueur mi-juin de la loi américaine dite César, (« l’agence ») reprend les propos d’Omar Rahmoun, membre de la nomenklatura, précis sur le calendrier : le chef de l’État restera au pouvoir jusqu’en 2035, puis le transmettra à son fils Hafez, qui aura alors 34 ans – l’âge minimal fixé en 2000 dans la Constitution syrienne pour permettre à Bachar lui-même de devenir président. Si le raïs syrien garde la main jusque-là. rapporte Michel Duclos, ambassadeur de France en Syrie de 2006 à 2009. Signe que les États-Unis prennent cette ascension au sérieux, Assad junior a été placé le 29 juillet sur leur liste noire.
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