Ils ont grandi dans des camps, certains ont perdu leurs parents. Les uns rêvent de France, les autres d’un renouveau du califat. Nous les avons rencontrés
Ils n’ont connu que la poussière et la misère, la haine et le ressentiment. Surtout à l’encontre des pays qui leur ont pris leur père. Les enfants de l’annexe du camp d’Al-Hol nourrissent un désir de revanche. Plus de 7 000 femmes radicalisées y vivent en vase clos. Débordées, les Forces démocratiques syriennes sont impuissantes à neutraliser cette bombe à retardement. À l’adolescence, certains de ces « enfants de Daech » quittent l’enfer d’Al-Hol pour rejoindre des centres de déradicalisation. Certains demandent le rapatriement. Le dilemme est de taille : faut-il faire confiance à ceux qui ont été dressés à haïr et à combattre ?
Endoctrinés, traumatisés, entourés de femmes en burqa, ils baignent dans un vivier de futurs djihadistes
« Nous enfermer toutes ensemble a été la pire erreur de l’Occident », explique la veuve d’un émir de Daech
En signe de privilège, un appareil à air conditionné. Magali vit avec ses cinq filles. Elle refuse le rapatriement.
Soudain, dans un centre de déradicalisation, apparaît face à nous le fils de Fabien Clain, ce djihadiste qui a revendiqué les attentats parisiens du 13 novembre
Il arrive en claudiquant, le teint blême. Adem, 21 ans, est l’un des 111 enfants de djihadistes étrangers retenus dans un centre de déradicalisation, sous bonne garde, près de la ville de Qamishli, dans le nord-est de la Syrie. Il est surtout le fils de Fabien Clain, le terroriste qui a revendiqué au nom de l’État islamique « l’attaque bénie » du 13 novembre 2015 au Bataclan et dans les rues deset XIarrondissements de Paris qui fit 130 morts et 490 blessés. Après neuf années d’errance qui l’ont mené d’une cité toulousaine aux geôles syriennes, Adem se dit « fatigué ». « Je veux rentrer en France », supplie-t-il. La France, il y est né et l’a quittée à l’âge de 12 ans, endoctriné dès le plus jeune âge par sa mère, Mylène, une Normande convertie qui porte la burqa, et son père fiché S dont le djihad a longtemps consisté à en envoyer d’autres mourir à sa place. En 2009, ce dernier fut condamné à cinq ans de prison pour avoir organisé l’acheminement vers l’Irak de plusieurs jeunes Toulousains. Il est abattu dix ans plus tard par une frappe ciblée dans la ville syrienne de Baghouz.