Une Américaine sur Paris
Juin 1940 : Paris n’est plus une fête. Face à l’avancée des troupes de la Wehrmacht, les quelque cinq mille Américains expatriés pour qui la Ville Lumière des Années folles était synonyme de liberté traversent l’Atlantique pour rejoindre les États-Unis. Au 20, rue Jacob, le salon de « l’Amazone » Natalie Barney résonne encore des rires de James Joyce, Nancy Cunard, Djuna Barnes, Ezra Pound, Gertrude Stein, Scott et Zelda Fitzgerald. Au 36, rue Bonaparte, la chambre de l’Hôtel Saint-Germain-des-Prés que Janet Flanner et sa compagne Solita Solano occupaient depuis plus de dix-neuf ans est désormais orpheline de ses hôtes.
Correspondante à Paris depuis 1925 pour le très Janet Flanner assiste dans les années 1930 à la montée du nazisme et s’éloigne dès lors de la ligne d’un magazine qui se veut snob, léger et qui proscrit toute opinion politique. Inventant une nouvelle forme de correspondance étrangère, la journaliste, qui signe ses « Lettres de Paris » sous le pseudonyme intersexe « Genêt », impose peu à peu à l’exigeant fondateur du Harold Ross, de rendre compte des bouleversements historiques dont elle est témoin. Son intelligence, sa perspicacité et le mordant de sa plume font mouche : Flanner devient l’une des signatures les plus populaires du prestigieux magazine. En 1935, elle impose à Ross, qui ne jugeait pas le digne de figurer dans ses pages, un portrait de Hitler en déséquilibré grand-guignolesque.
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