MANU DIBANGO LA VIE INCROYABLE D’UN ROI MUSICIEN
« Afrique, est-ce que tu nous entends ? » La voix sourde vient du fond du blues. Dans le studio parisien d’Africa Radio, le saxophone de Manu Dibango se mêle à la voix cristalline de la star togolaise Julie Akofa Akoussah et la guitare du chanteur congolais So Kalmery. On dirait un gospel, comme ceux que le petit Manu entendait au temple où l’emmenait sa maman dans les années 1940. Il s’en souvient, parce qu’il se souvient de tout. Sa mémoire d’éléphant est un sujet de plaisanterie. Parce qu’elle ne lui fait jamais défaut et aussi parce qu’il est le fils de N’Djoké Dibango – un nom qu’il s’attribue volontiers. N’Djoké signifie « éléphant » en douala, sa langue maternelle.
Tous les dimanches depuis vingt ans, le musicien troque sa baguette de chef d’orchestre pour le micro d’animateur radio et passe deux heures avec le journaliste Robert Brazza à ouvrir la malle aux trésors des musiques africaines. L’émission du dimanche 29 mars est spéciale. « La première sans le doyen Manu, qui a rejoint les étoiles », dit l’animateur avec un tremblement dans la voix. « Manu, c’était un monde », dit Brazza. Depuis sa disparition, il écoute en boucle les artistes préférés de son « deuxième papa » : la voix de velours de Nat King Cole, le timbre sensible de Louis Armstrong, les trompettes à sourdine des orchestres de Duke Ellington ou les cuivres brillants de Lalo Schifrin qui ont rythmé les échappées de Steve McQueen dans «
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