KURDES : LA TRAHISON DE TRUMP
U MATIN DU 12 OCTOBRE, Hevrin Khalaf, jeune figure montante de la politique kurde, roulait sur l’autoroute M4 dans le nord de la Syrie. Assise à l’arrière d’un SUV Toyota blindé, elle fonçait à travers les villages ravagés de son pays natal, trois jours après une violente attaque de l’armée turque rendue possible par la décision de Donald Trump de retirer les troupes américaines de la région. Elle se dirigeait vers Raqqa, éphémère capitale de l’État islamique (EI), la plus grande ville du territoire contrôlé par les Kurdes, mais aussi la plus saccagée. Raqqa s’en remettait à peine et Hevrin s’y rendait pour tenir l’un de ses nombreux meetings politiques. En 2018, elle a participé à la création du FSP (acronyme en anglais du Parti syrien du futur), avec l’ambition de faire avancer le pluralisme démocratique dans une Syrie clanique et fracturée. Hevrin, 35 ans, kurde de Syrie aux longs cheveux bruns, une fossette au menton, pensait qu’une nouvelle façon de faire de la politique s’imposait. Kurdes, chrétiens, Turkmènes et Arabes ont tous souffert du régime syrien et de la terreur qu’a fait régner l’EI, et elle voulait unir des, expliquait-elle en février.
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